samedi, janvier 20, 2018






Il passe presque toute l'année

comme ce jeudi,

en ce lieu solitaire,









en ses multiples et féconds

travaux, 

à l'accomplissement

de son oeuvre .


20 janvier

Naissance de Raymond Roussel

*





Après des études musicales, 
durant lesquelles il s'est essayé à la composition,
mais vainement, « la musique restant rebelle », 
il décide à dix-sept ans de ne plus faire que des vers, 
dans une versification parfaite, 
il écrit nuit et jour pendant de longues périodes.




































ALEPH

c’est en mathématiques 

le nombre d'éléments d'un ensemble 

infini























c’est le lieu où se trouvent

sans se confondre

tous les lieux de l'univers vus 

sous tous les angles 




c’est la métaphore 

d'un savoir impossible faisant se croiser 

toutes les disciplines 




c'est une référence à la nouvelle de Borgès

cet aveugle visionnaire




Read books as one would breathe air

to fill up and live




































Mappemonde d'Ebstorf



je vis

l'Aleph
sous tous les angles
je vis sur l'Aleph la terre
et sur la terre de nouveau l'Aleph
et sur l'Aleph 

la terre




































je vis 

mon visage et mes viscères
je vis ton visage
j'eus le vertige et je pleurai
car mes yeux avaient vu cet objet
secret et conjectural
dont les hommes usurpent le nom
mais qu'aucun homme n' a regardé

l'inconcevable univers




































Lisez, 

lisez la grande biographie de Louis Auguste Blanqui 

par Gustave Geffroy : 

«L’enfermé». 

Elle est maintenant facilement accessible. 







On traverse avec elle tout le XIXe siècle, ses rêves, ses batailles, ses utopies et ses misères. Qui pour chaque gouvernement successif figure l’ennemi le plus terrible : l’insurrection populaire. Blanqui a fasciné Walter Benjamin parce qu’il est un anti-Baudelaire. C’est lui qui fera de la biographie de Gustave Geffroy un outil privilégié pour renverser l’imagerie convenue de ce siècle majeur, naissant des cendres de la Révolution pour engendrer l’allégorie majestueuse de l’Exposition universelle de 1900. Et, quand Walter Benjamin se met alors à la tâche sur Blanqui lui-même, il exhume ce texte — un opuscule de plus dans l’océan de ces pamphlets et brûlots —, mais que nous considérons tous désormais comme un de ces poèmes qui disent la civilisation, celle que nous sommes, à l’échelle de ses utopies, en les projetant dans l’espace-temps infini et chaotique du cosmos. 

Là où «Eureka» d’Edgar Allan Poe et la grande «Astronomie» de Camille Flammarion se rejoignent. Sauf que Blanqui, qui a connu toutes les geôles parisiennes, les cachots du Mont-Saint-Michel et la déportation à Belle-Île, a maintenant le monopole d’une prison réservée à lui seul. Ses lettres sont pathétiques : dans ce fort oblong et tout lisse, le fort du Taureau, posé au milieu de la baie de Morlaix — un des plus beaux lieux de notre Bretagne sauvage, au-dessus de sa tête en permanence le martèlement de pas des soldats qui le gardent. L’isolement absolu, la mutité hostile des militaires, et les heures de promenade sur la terrasse de pierre, où rien à voir que le ciel. Alors c’est du ciel qu’il parle, Blanqui. 

De l’infinité des astres, et de la non-limite de l’univers. On peut, comme il dit « milliarder à l’infini ». Alors, quelque part, à force de dupliquer, trouvera-t-on une planète à la semblance de la nôtre, et, à dupliquer encore, peut-être que dans l’une d’elles la Révolution aurait réussi — serait advenu le rêve d’une humanité plus belle et plus fraternelle. Mais de cela, le vieil homme ne parle même pas. Au soir des combats, il connaît surtout l’abîme. Alors c’est dans la voûte infinie des possibles qu’on va suivre cette phrase sublime — ce texte de1872 est désormais une fondation essentielle de notre patrimoine littéraire comme politique.

TIERSLIVRE





































Culture / hivernale

Cole Swensen

Riche / Heure

la main de l'inconnue peignant l'inconnu 


un nom tenu clos      sous la langue
ne se dénoue pas       dans la tombe



et le dit se dissipe       celui-ci raffiné
et sans fin racheté     au silence de la neige

puis rendu 










culture - hivernale

silence - neige

riche - heure


nom et clos  langue et tombe

inconnue  inconnu






































BRUIT / TEMPS

le bruit du temps

à propos   























il était admis dans les usages

des symbolistes

d'échanger de fins propos de ce genre


Comment allez-vous  Ivan Ivanovitch ?


Eh bien  pas mal  Pierre Pétrovitch  


cela va

comme avant la mort





V.V. aimait les vers où rimaient avec énergie

et bonheur

amour-toujours   flamme-drame   

charnel éternel



Deux mots dirigeaient inconsciemment son

vocabulaire

l'être et la flamme



Si on lui avait permis de prendre 

soin 


de toute  la langue 

russe



je pense sans plaisanter que   

dans sa 

maladresse  il aurait brûlé  

anéanti


tout le vocabulaire russe 

pour 

la plus grande

gloire de


l'être et de la flamme


LE BRUIT DU TEMPS



































amours -  toujours

flamme - drame

charnel - éternel


l'être et la flamme





































Silvia Bächli






 Work on Paper

 gouache on paper, in four parts

 204.5 × 144.5 Size (cm)

 80.5 × 56.9 Size (in)