lundi, juillet 02, 2018






Mathieu Bénézet


Au début des années 80, l'auteur entreprend l'écriture d'un livre qu'il intitule d'emblée : Détails, apostilles, ignorant encore où son projet va l'entraîner, sinon qu'il s'agira de rendre compte au plus près des états successifs ou simultanés d'une conscience, au fil d'un temps comme arrêté – dans ses gloires et ses déroutes, ses doutes mais ses illuminations. 










Très vite, l'ouvrage adopte une forme éclatée, mêlant descriptions quotidiennes et réflexions critiques, notations intimes et fragments éblouis de poèmes livrés en vrac, comme au sortir de l'atelier : tout cela composant peu à peu une sorte de journal intérieur, de mosaïque mentale où – à l'instar des Fusées de Baudelaire – c'est le dépassement, la dissolution du « moi » qui sont visés, dans la trame tangible du langage, pour arpenter les rives interdites où la poésie doit indéfiniment prendre et perdre pied. 

L'écriture de Détails se poursuivra de la sorte - par éclairs, par éclats – durant près de quinze années, variant les registres et les angles d'attaque avec un bonheur d'écriture tel qu'on peut se demander si l'auteur n'a pas incidemment inventé un nouveau genre littéraire… En tout cas, son livre est sans antécédent notable. 

Et la réunion de ces pages (qui n'avaient jusqu'alors été livrées que par fragments, dans des publications confidentielles) marque sans conteste l'un des moments majeurs de l'œuvre novatrice, exigeante, habitée de Mathieu Bénézet. Ou de la littérature présente, au seul vrai sens, puisque aussi bien elle s'y confond.

































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