jeudi, mars 08, 2018



Rondes et insaisissables gouttes de mercure


les récits éludent et déçoivent ; ils sont un soupir, un jeu de mots, un accord maladroit de vielle stridente, une ponctuation proprement sans mots qui précèdent et qui suivent, un point d'exclamation, une interrogation, et surtout ils ne sont pas monothéistes ; ils professent un athéisme minuscule, qui n'est pas inaccessible à des incursions de dieux frêles et effrontés, ou de déesses provocantes et lascives - à la condition qu'ils soient mortels, éphémères, faux, très frêles, désorientés
 
Giorgio Manganelli

Le Bruit subtil de la prose

Trad. de l'italien par Dominique Férault. 

Avant-propos de Paola Italia

Collection Le Promeneur

Gallimard


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Giorgio Manganelli

Vie de Samuel Johnson

Trad. de l'italien par Dominique Férault. 

Édition de Salvatore Silvano Nigro

Collection Le Cabinet des lettrés

Gallimard

Objet d'une monumentale biographie par James Boswell, devenue un classique des lettres anglaises, Samuel Johnson (1709-1784) se voit ici consacrer par Manganelli une fulgurante «brève vie», que l'on pourrait à juste titre considérer comme le pendant, ou le négatif, de celle de Boswell. «Biographie synthétique», évocation d'une Londres fascinante et sordide, ce livre offre aussi la peinture de ce sans quoi Johnson n'eût été lui-même : son cercle d'amis et suiveurs, Richard Savage, écrivain malheureux, déréglé et scélérat, Topham Beauclerk, libertin joyeux et irresponsable, et Boswell lui-même, «calque littéraire, écrit Manganelli, fidèle jusqu'à l'hallucination, de l'existence et de la façon d'être du Docteur». 

Mais le Johnson de Manganelli est autre chose encore : le premier héros d'une civilisation moderne, un monstre sacré, admiré pour son exigence, sa capacité de juger et de rassembler auditeurs et lecteurs par la seule vertu de sa bizarrerie et d'une conversation railleuse. Il est enfin et surtout un troublant alter ego de l'auteur d'Hilarotragoedia dans ses aspects les plus secrets : la mélancolie, l'hypocondrie, l'infélicité, auxquelles ne peuvent faire rempart que la lecture, l'exaltation de l'intelligence et la morale de la littérature.


écran de nuit

François Bon



































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