Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
dimanche, décembre 31, 2017
J'aime
l’incroyable liberté de l’eau
les verres
les tasses
les bouteilles
les embrasures
les angles
la cryptographie
la clandestinité
les complicités
les perles
les lagunes
le sable
l’argile
les haies
les criques
les anses
les baies
les greniers
les caves
les voyageurs du temps
les illusions
les rêves
le chiffre 8
la vérité
le secret
Au premier millénaire
avant notre ère
les dédicaces de construction étaient écrites
sur des cylindres
avec des extrémités effilées
comme celles-ci
qui étaient ensuite dissimulées
dans les murs
Ici
le long texte en trois colonnes commémore
la reconstruction du temple
du dieu
Lugal-Marada à Marad
par le roi
Nabuchodonosor II
Le champ récepteur d'une poésie sensorielle
désigne
l'ensemble des récepteurs
en relation
avec la poésie sensorielle
Il est constitué de deux parties
centre et périphérie
deux parties antagonistes l’une de l’autre
centre excitateur périphérie inhibitrice
Il améliore le contraste et donc la précision
de la perception
*
H. écoutait intensément
pris par la vision d’un puissant cercle
dans le temps
refermé sur lui-même et traversant l' éternité
sur une partie de son parcours ...
Cercle complet !
Cercle complet !
Et aucun moyen pour H. de briser le cercle
en un seul et dernier
défi ...
Le cercle tourne et tourne sans cesse
Toute la question du récit sera ensuite
est-ce que le cercle
peut se briser ?
La mort de l'auteur
de Barthes
a révélé
que la paternité d'un livre
est une invention
capitaliste
ça n'a pas tué la paternité de l'auteur
mais simplement montré à quel point c'était
un concept creux
Notre conscience est saturée par les fontaines
de textes des réseaux sociaux
à cause de Barthes
nous sommes entraînés à lire sans nous attarder
sur l'intention de l'auteur
Pendant ce temps
les nouvelles technologies qui suivent la logique
capitaliste continuent de prouver l'absurdité
de la tradition postmoderne
*
Les artistes mettent le bordel et laissent aux autres
le soin de nettoyer
Car un laque
décoré à la poudre d’or
n’est pas fait pour être embrassé
d’un seul coup d’œil dans un endroit illuminé,
mais pour être deviné dans un lieu obscur, dans une lueur diffuse qui, par instants, en révèle l’un ou l’autre détail, de telle sorte que, la majeure partie de son décor somptueux constamment caché dans l’ombre, il suscite des résonances inexprimables.
De plus, la brillance de sa surface étincelante reflète, quand il est placé dans un lieu obscur, l’agitation de la flamme du luminaire, décelant ainsi le moindre courant d’air qui traverse de temps à autre la pièce la plus calme, et discrètement incite l’homme à la rêverie. N’étaient les objets de laque dans l’espace ombreux, ce monde de rêve à l’incertaine clarté que sécrètent chandelles ou lampes à huile, ce battement du pouls de la nuit que sont les clignotements de la flamme, perdraient à coup sûr une bonne part de leur fascination. Ainsi que de minces filets d’eau courant sur les nattes pour se rassembler en nappes stagnantes, les rayons de lumière sont captés, l’un ici, l’autre là, puis se propagent ténus, incertains et scintillants, tissant sur la trame de la nuit comme un damas fait de ces dessins à la poudre d’or.