jeudi, mai 25, 2017

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Que l’amour m’apprenne à composer
un chant qui ne soit ni second,
ni troisième, mais premier à libérer le
cœur aigri.

Ezra Pound

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Une sagesse est à opposer au nihilisme. Une sagesse échappant à ses prédicats morbides, à son hypnose consumériste et à sa dangereuse frustration. On peut aspirer à un savoir universel, à prendre le contre-pied des expertises des spécialistes qui focalisent sur les détails du phénomène au point de lui faire dire l’inverse de ce qu’il accomplit. On peut cultiver son second souffle et rompre son isolement en partageant la joie d’une vie délivrée du conditionnement mélancolique, une vie véridique. On peut célébrer l’avantage d’être en vie. 
































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Mon âme en ce moment se sentit 
plus forte


N’hésitant donc pas plus 
longtemps 






















Monsieur

dis-je

ou
Madame  en vérité

j’implore votre
pardon 

mais le fait est que je sommeillais
et vous

êtes venu frapper si 
doucement

si faiblement vous êtes venu taper à 
la porte de ma 
chambre

qu’à peine étais-je certain de 
vous avoir entendu

Et

alors j’ouvris la porte 
toute grande 


les ténèbres

et 

rien de plus ! 






























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voici la mouette qui parle par ma 
bouche

ka kayagaya ka !












voici le corbeau

kra krarak krarak !




voici le héron

fraak fraak fraak !





et voici la grande oie blanche

kaïgaïkak kaïgaïkak !


*


le chaman 

danse la danse des 

oiseaux






























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*

je n'ai rien à vous

dire

le témoin n'a rien 

vu

il n' a vu aucune chose

mais cet homme n'a rien 

fait

il n' a fait aucune chose


*











homme ... enfant ... rien

un enfant va à l'homme dans 

l'air ...



rien dans cette poésie qui ne veuille éluder notre

rapport au monde


cendre se soulevant après quoi il n'y a

rien



que le malaise de cette évidence
devienne 

éclatement de joie 
immobile

sans cesse présente























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Ils ne sont pas très nombreux, 
les livres 

structurellement construits sur l’articulation 
du récit et du poème, 











du vers et de la 
prose : 

Vita Nova du Dante, Les Contes d’Isé… Lesquels, 

sinon ?

Finnegans Wake, 
assurément, n’est pas de ceux-là.

Les poèmes, 



The Ballad of Persse O’Reilly :




As-tu entendu celle de Humpty Dumpty
Comme il chut en boule et a grondé
Et s’enroula comme Lord Olofa Crumple
Près de la butte du Mur de l’Arsenal,
(Chœur) Du Mur de l’Arsenal,
Bossu, casqué, total ?




et autres fragments disséminés, ne totalisent qu’une quinzaine de pages sur les six cents et quelques du volume (édition Faber and Faber). Mais Philippe Blanchon les reconnaît comme constituant véritablement des passages, des ouvertures : « c’est par ces vers, désormais totalement “joyciens”, que je trouvais un premier accès », dit-il, de sorte qu’il a décidé de se concentrer sur eux pour « proposer une introduction à l’ensemble de l’ouvrage ».



Les Poèmes du Wake & Commentaires est conçu comme un triptyque. Les poèmes proprement dits (en version bilingue) sont insérés entre un résumé de Finnegans Wake et le commentaire des poèmes. Dans ce dispositif, ils fonctionnent à merveille, comme un pli, une articulation, qui permet de rabattre le commentaire des détails sur le résumé global, et entrevoir Finnegans Wake comme un livre où « la partie contient le tout ».
































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quantificateur d'existence

 ∃   

il existe  











le livre du monde est écrit en 

mathématiques


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mishe mishe

Oyesesyeses

I yam as I yam

Hyam Hyam

*




Un livre n'a pas de sens
circulatoire. 

Il est toujours en 
mouvement

On peut entrer par n'importe quel 
endroit





























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