mardi, mai 09, 2017

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Potlatch 

Le terme potlatch 
signifie don ou donner 
dans un contexte cérémoniel












Il désigne un ensemble de manifestations (fêtes, danses, discours, distributions ostentatoires de biens) ayant cours parmi les populations de pêcheurs - chasseurs - cueilleurs de la côte nord-ouest des Etats-Unis et du Canada. Organisées à l'occasion d'événements importants de la vie de l'individu et dans des contextes de rivalité entre chefs, ces cérémonies trouvent leur pleine expression dans la distribution de biens de prestige et de nourriture par un hôte à des invités formellement conviés en vue de la validation publique de prérogatives familiales. Le potlatch est le moyen par lequel un individu acquiert et maintient une influence politique et une position sociale au sein d'un système hiérarchique à rangs. Il ratifie à la fois le statut du donateur et celui du donataire. Le terme " potlatch " appartient à la langue chinook, mais est devenu un concept général en anthropologie qui sert à désigner toutes les formes de compétition politique menée à coups de dons et contre dons toujours plus importants. La pratique du potlatch fut interdite par le gouvernement canadien en 1884. Symbole passé de la résistance indienne et signe actuel de la "renaissance culturelle", le potlatch est devenu le support d'enjeux politiques nouveaux.


Extrait du Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie, Paris, © PUF, collection Quadrige, 2000. Sous la direction de Pierre Bonte et Michel Izard (d'après la notice de Marie Mauzé).



































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Ian Monk / Plouk town

il est sept heures le mardi sept

octobre deux mille trois parking de champion












au soir les caddies s’étirent longuement
sur le bitume atteignent presque les bagnoles
de l’autre côté du passage central
à gauche une mère de famille charge
le coffre de sa voiture avec du
lait des petits suisses des bananes sa
fille la regarde faire en tenant le
caddie en embrassant tendrement une poupée à
droite un clochard pisse longuement contre le
mur de l’ancienne pharmacie maintenant en
ruines là juste derrière les bennes de
recyclage de verre donc de bouteilles en
grande partie la vapeur se lève se
mélange avec les nuages au dessus du
collège Boris Vian rénové qui ressemble à
un Titanic post soixante huit échoué là
parmi ces banquises de bitume ponctuées de
crottes d’ours polaires il ferme sa
braguette et il va rejoindre là les
copains qui gueulent eh ben toi tu
viens ou quoi il y va puis
s’ouvre une canette juste devant lui
une femme marche vite vers le supermarché
de pas décidé visage rouge une poussette
devant elle qui contient un petit caniche
grisâtre elle se ralentit un peu passe
devant le vendeur de Macadam Express qui
lui dit bonjour elle hoche la tête
les pigeons arrivent en quantité industrielle devant
les bennes où on a déposé une
quantité industrielle de bouts de baguettes moisissant
dans les flaques d’eau de pétrole
de bière de vin d’urine ils
becquètent les bouts de pain s’envolent
à droite à gauche secoués et lancés
par leurs becs puis tout le monde
se casse devant la bagnole qui arrive
vite très vite en prenant le parking
comme raccourci tout le monde sauf un
qui se fait choper vlan pas le
temps de se cacher pour mourir lui
et tout son temps pour être petit
à petit écrasé aplati dans le bitume
ses copains sont perchés sur le mur
de l’ex pharmacie plus qu’une
barrière entre le terrain vague crottes
et les pères de famille qui se garent 





Plouk town, 
Ian Monk, Editions Cambourakis, 
2007, 
pp. 33-34. 































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Pour commencer

pourriez-vous décrire ce travail ?


oui 

bien sûr














ce que j’ai fait
c’est changer un verre d’eau 
en un chêne adulte 

sans pour autant altérer 
les caractéristiques 
du verre d’eau


Les caractéristiques ?

oui

la couleur la sensation  le poids

la taille...



voulez-vous dire que le verre d’eau est un symbole 
d’un chêne ?



non

ce n’est pas un symbole

j'ai changé 
la substance physique 
du verre d’eau en celle d’un chêne


il ressemble à un verre d’eau


naturellement. 
je n’ai pas changé son aspect

mais ce n’est pas un
verre d’eau

c’est un chêne






























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*

Rentrant dans ma chambre
et 

sentant en 
moi

toute mon âme incendiée

j’entendis bientôt 
un coup 

un peu plus fort que 
le premier



















Sûrement
dis-je

sûrement

il y a quelque chose aux jalousies 
de ma fenêtre

voyons donc ce que 
c’est

et

explorons ce mystère

laissons mon cœur se calmer 
un instant

et 

explorons ce mystère 



c’est le vent 

et 

rien de plus































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V O Y A G E S

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lignes brisées

de l'ombre du peuplier













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silence

le pouvoir de me perdre

irrémédiablement

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les idées  distinctes    éclairées

sur fond

noir





























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in the twilight of his life

la vieille au corsage bleu lisait

Tonnerre au Crépuscule












histoire vraisemblable !

extrême

*




les peurs entre parenthèses 






la peur d'être en train de rêver
                                               )

(

la peur de
               )

(

peur de porter un monstre
                                         )


(

la peur que tu ne sois pas à la maison
                                                          )

(

peur que la vue ne se change pas en mots
                                                                 )

(

une peur morbide des palpitations
                                                      )

(

peur de rater son train
                                   )































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cristaux .  toujours .  étale .  propose.

poison .    étoiles .




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placées .    vilaine .

moi .   taches .



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morte .

mensonges .

touches .   désir .


secouée .   sentir .  au-delà .































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L'un des derniers tableaux de Bonnard est intitulé 

La Petite Fenêtre 














où l'on voit, 
par une fenêtre qui cadre trois côtés du tableau, 
une autre fenêtre rouge et, plus loin, 
une ébauche d'immeuble ou peut-être une fenêtre toute seule, 
un rivage florissant.

Ce qu'il y a de mieux dans les musées 
ce sont les fenêtres 

dit-il en regardant la Seine depuis le Louvre, 
juin 1946.

Cole Swensen, l'âge de verre p.77


































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