samedi, octobre 28, 2017

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Il n’y a plus rien

La pierre a de ces évanouissements 

Voici 

une forteresse










voici 
un temple fruste
voici 
un chaos de masures et de murs démantelés
tout 
l’arrachement d’une ville déserte

Il n’existe ni ville
ni temple
ni forteresse 

c’est la falaise

À mesure qu’on s’avance 
ou
qu’on s’éloigne 
ou 
qu’on dérive 
ou 
qu’on tourne

la rive se défait 








pas de kaléidoscope plus prompt 
à l’écroulement 

les aspects se désagrègent pour 
se recomposer 

la perspective fait des siennes

Ce bloc est un trépied 
puis 
c’est un lion
puis 
c’est un ange et il ouvre les ailes 
puis
c’est une figure assise qui lit dans un livre


Rien ne change de forme comme les nuages
si ce n’est les rochers.













Ces formes éveillent l’idée de grandeur
non de beauté

Loin de là

Elles sont parfois maladives et hideuses

La roche à des nodosités 
des tumeurs
des kystes
des ecchymoses
des loupes
des verrues

Les monts sont les gibbosités de la terre



Madame de Staël entendant M. de Chateaubriand
qui avait les épaules un peu hautes
mal parler des Alpes
disait : 

Jalousie de bossu 
Les grandes lignes et les grandes majestés de la nature
le niveau des mers
la silhouette des montagnes
le sombre des forêts
le bleu du ciel
se compliquent d’on ne sait quelle dislocation énorme 
mêlée à l’harmonie 

La beauté a ses lignes
la difformité a les siennes

Il y a le sourire et il y a le rictus

La désagrégation fait sur la roche les mêmes effets 
que sur la nuée 

Ceci flotte et se décompose
ceci est stable et incohérent

Un reste d’angoisse du chaos est dans la création

Les splendeurs ont des balafres

Une laideur
éblouissante parfois
se mêle aux choses les plus magnifiques 
et semble protester












L.A.Photographies 
le Verdon octobre 2017

avec Victor H.






























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