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I
Les cavales m'emportent
aussi loin que pouvait aller mon ardent désir
en déploiement
après être venues et m'avoir
mené sur le chemin très chanté
de la divinité
chemin qui porte
l'homme qui sait
dans toutes les cités
C'est par ce chemin
que j'étais emmené
car c'est sur lui que m'ont mené
les cavales qui
sachant bien où elles allaient
tiraient le char
tandis que des jeunes filles
indiquaient le chemin
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Ligne de risque 1997-2005, sous la direction de Yannick Haenel et François Meyronnis, Gallimard, L’infini || '3. Pour une sécheresse logique', Entretien avec Barbara Cassin :
RépondreSupprimer« Il y a chez Parménide un triple noeud entre l’être, le penser et le dire. On peut s’appuyer sur le fragment II du Poème, qui énonce les deux voies : que « est » et que « n’est pas ». Parrainée pose d’emblée que le savoir et le dire renvoient exclusivement à la première voie, celle du « est ». Voilà ce que Heidegger appelle avec justesse le principe directeur de la philosophie occidentale : c’est à partir de là que tout fonctionne ; c’est là que tout converge. Mais quelqu’un allume point par point un contre-feu par rapport à ce texte fondateur. C’est Gorgias. Il met en avant une séquence de trois thèses : 1. Rien n’est. 2. Même si c’est, c’est inconnaissable. 3. Même si c’est connaissable, c’est incommunicable. Cette séquence défait la tresse ontologique entre l’être, le penser et le dire ; montre que ces trois termes ne s’entre-impliquent pas : donc, pas d’être ; pas de connaître ; pas de transmettre. Que fait Gorgias ? C’est simple. Il lit le Poème de Parménide comme un phrasé grec, ce phrasé qui nous mène d’une forme à la troisième personne du singulier « est » (esti) à une forme nominale « l’étant » (to eon). Tout le tracé du Poème se résume à la subjectivation-substantification du verbe Gorgias e voit très bien. Il reprend cette fabrication pour la démonter à rebours, et ce faisant il la révèle comme discours de la langue. L’être, avec lui, devient un simple artefact discursif. La force de sa critique consiste à dévoiler l’ontologie naissante comme une pure performance rhétorique. Ici le rapport entre l’être et le langage est beaucoup moins grandiose que ne le voudrait Heidegger : c’est d’une décision de langue que procède l’ontologie. L’être, à partir du grec, est un effet de dire. Apparemment l’histoire de la philosophie a choisi de ne pas enregistrer le fait qu’un presque contemporain de Parménide, donc bien avant la réactivation de l’ontologie par Heidegger, a déjà pointé l’intrication de l’être avec le langage. Sur un autre mode, il est vrai, que celui de la parole « originaire ».
Pour moi Gorgias est un ontologie aussi admirable que Heidegger mais avec une ironie féroce. il atteint le même grandiose dans le rapport être-penser-dire seulement avec une très violente dimension ironique. Ça le mène à apprécier ce qui se passe comme jeu de langage. Étrangement Heidegger manque l’opération sophistique. Il refuse cette violente projection de lui-même dans la rhétorique. En fait, il ne perçoit pas cette mise en ironie (...) »
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Lire aussi, si l'on s'intéresse véritablement à ce genre de spéculation autour du langage, le chapitre IV de 'L'Axe du Néant' de Meyronnis, plus particulièrement 'L'attaque du château périlleux (sur Parménide)' où tout est parfaitement explicité. Baudrillard en est, par ailleurs, l'incarnation même de ce qui y est pointé...