lundi, novembre 14, 2016

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14.11

IV

paysage 

révisé par l'hiver

ciel lourd comme une table













bas

gris

il respire


à l'instant par transparence
des brindilles lumineuses déplacées
sous les paupières

le mystère s’épaissit

geais bleus immobiles dans les arbres


ciel dans lequel

les nuages sont si omniprésents

qu'ils en deviennent invisibles

vaste grisaille



le calme intimement

dormir et respirer les célestes





























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14/11/2016      14 :52      PLEINE LUNE

s'est mis à faire frisquet










ça me frappe

tenir col  

faufilé


avant les vacances 

les rumeurs étouffées protestaient

après les vacances

de la neige dans le coin tempête



il dit
qu'il n'est plus question
de soulever la page
mais de descendre le poème
comme on descend une rivière




Timothy O'Sullivan

snow peaks

bull run mining district Nevada






























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Une femme est peinte 

sur un mur dans un quartier de Paris 

voué à la rénovation. 












L’époux et le fils du modèle 

entre-temps 

défunt 

regardent l’image chérie 

disparaître.



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Pierre Le Goffic résume brièvement la trame de L’occupation des sols, puis, en s’appuyant notamment sur un commentaire détaillé du début et de la fin du texte, montre comment le lecteur est « capturé » par l’auteur : constamment interpellé par une écriture inattendue et suggestive, le lecteur est largement récompensé de ses efforts interprétatifs par la richesse des effets produits et trouve une satisfaction jubilatoire dans le fait même d‘épouser la démarche de l’auteur ; la fin abrupte du texte exacerbe cette dépendance par rapport à un maître d’écriture.







L’occupation des sols … 
et la capture du lecteur : de quelques 
procédés linguistiques

ENS






























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les heures 

tendraient à glisser

les unes

sur les autres































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Comprendre 

ces

 mots 











non 

comme

 un 

flot 

mais 

comme 

une 

chute 

depuis 

la 

majuscule 

jusqu’

à 

la 

précipitation 

du 

point

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force d'âme












On pourrait s'imaginer qu'au moment de faire l'expérience du courage on entendrait l'ouverture de la cinquième symphonie de Beethoven ou bien on verrait une immense explosion dans le ciel, mais il n'en est rien. Dans la tradition Shambhala, c'est en travaillant la vulnérabilité du cœur humain qu'on découvre le courage.



























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ma fenêtre






de montagnes et d'eau

aujourd'hui

la loi dynamique du réel



ce n'est pas 
un je me souviens
qu'il faut écrire    mais un   

j'ai oublié




Océan d'oubli

petite rivière de la mémoire



seule 
ma mémoire involontaire 

fait trou 
dans le faux récit






























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Comprendre ces mots non comme un flot mais comme une chute depuis la majuscule jusqu’à la précipitation du point.












Après plus de 25 années d’écriture, Ron Silliman mit en 2004 un point final au millier de page d’Alphabet. Composé, comme son nom l’indique, sur le modèle de l’alphabet, ce poème fleuve dans la lignée des long poems de Carlos Williams, Olson ou Zukofsky, et unanimement considéré comme l’une des grandes œuvres de la poésie américaine contemporaine, est réparti en 26 sections, 26 lettres, dont You forme donc la 25e. L’une des plus importantes en volume et l’une des plus essentielles pour accéder à la moelle d’une des œuvres principales d’un immense auteur des lettres américaines. Le principe formel de You est très simple. Il se compose de 52 sections de 7 paragraphes chacune. Un paragraphe = une journée. Une section = une semaine. You = une année. Et plus précisément l’année 1995, au cours de laquelle l’auteur quittera Berkeley, Californie, pour aller s’installer à Paoli, Pennsylvanie.




Parmi la riche cacophonie de chants d’oiseaux du matin, choisissez-en d’abord un, puis un autre, et servez-vous de chacun tour à tour en guise de premier plan par quoi entendre le tout.

Traduit de l’anglais par Martin Richet












Ron Silliman

A 1982 Interview 



















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