vendredi, novembre 04, 2016

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Comment imaginer, 

en ouvrant ce carnet, 












voilà trente-cinq ans, qu’un jour viendrait où l’extrême droite serait une menace effective en France, Paris ensanglanté par des attentats, le socialisme réel, l’avenir, l’espoir, de lointains souvenirs ? C’est pourtant le paysage qui a émergé du temps irréparable, la désolante réalité, le présent. 

P. B.

Ce volume est le quatrième 

Carnet de notes.







Pierre Bergounioux 

Photographie  Jean-Luc Bertini



Situés à une limite extrême de l’écriture du jour, le Carnet de notes de Pierre Bergounioux, dont paraît le quatrième volume en dix ans, n’imprime guère que de légères variations au compte rendu quotidien. Il continue pourtant de donner à lire une courbe du temps qui rend sa lecture bouleversante.

Tiphaine Samoyault




























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il se lève à cinq heure 

moins le quart












les pluies d'hier se sont évacuées

l'aube est limpide

ils partent marcher





il voit le moment où

la demi-heure de sécurité qu'il se donne

ne va pas suffire



il va manquer son train

il pleut

du ciel fuligineux et bas

mais l'air est doux



il examine les machines de l'atelier de métallerie


cisaille hydraulique

cintreuse

tours

enclumes

poste de soudure sous argon



il ne savait pas

il ne pouvait pas

il venait de trop loin




il parle avec les étudiants

qui ont étudié quelques-uns de ses livres



il relit les pages de ces dernières semaines

sur le commencement

l'énigme du monde




il se découvre une sorte de parenté outre-Rhin



il ratisse les feuilles des érables

qui sont tombées d'un coup

et dont les voitures

en passant

la pluie aidant

font une bouillie glissante

dangereuse






























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