samedi, avril 09, 2016

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Définitions Web

On désigne par résille, 

















ou tissu résille, un textile composé d'un maillage de fils plus ou moins étroit, généralement croisés en quadrillage, à la manière d'un filet. Le tissu résille est employé pour maintenir les cheveux attachés ou pour orner un chignon....



Ensemble des lignes 
constituant ou évoquant 
par leur entrecroisement un réseau


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Avec les réseaux 
qui mettent en relation directe 

le cerveau 
humain et les ordinateurs

le mouvement 
vers l'avènement de 

l'homme 
symbiotique est engagé



































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12 : 00

l'adoration perpétuelle

















Une heure 
n'est pas qu'une heure

c'est un vase 
rempli de parfums

de sons


de projets et de climats

































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Je suis un chat.
Je n'ai pas encore de nom.




















Je n'ai 
aucune idée 
du lieu où je suis né.




















La seule chose
dont je me souvienne

est que je miaulais 
dans un endroit sombre et humide.







Il se gargarise
sur la pierre et dort sur l'eau

Sôseki


































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Natsume Sôseki

















Mort en 1916 à quarante-neuf ans, Natsume Sôseki vécut aux confins de la psychose la déchirure dont pâtirent tous les intellectuels nés avec la révolution industrielle, politique et culturelle du Meiji. Formé aux lettres classiques chinoises, au haïku, mais envoyé en Angleterre de 1900 à 1903 pour pouvoir enseigner ensuite la littérature anglaise, il s'imprégna si profondément du ton de Swift, de Sterne et de De Foe que, sans nuire à tout ce qu'il y a de japonais dans Je suis un chat, cette influence nous impose de penser au voyage de Gulliver chez les Houyhnhnms; sans doute aussi d'évoquer Le chat Murr d'Hoffmann. C'est pourquoi le traducteur peut conclure sa préface en affirmant que Je suis un chat «suffit amplement à démentir l'opinion si répandue selon laquelle les Japonais manquent d'humour». Ni Hegel, ni Marx, ni Darwin, qu'il a lus, ne lui ont fait avaler son parapluie.

La gouaille, voire la désinvolture apparente, n'empêchent pas les chapitres de s'organiser, cependant que tous les styles (jargon des savants et du zen, ou argot d'Edo, ancien nom de Tokyo) se mêlent pour présenter la satire désopilante d'une société en transition, et même en danger de perdition. Kushami-Sôseki se demande parfois s'il n'est pas fou, mais c'est la société d'alors qui devient folle, elle qui déjà enferme en asile ceux qui la jugent. Le chat ne s'y trompe jamais, lui : aucun ridicule n'échappe à ce nyctalope. Alors que peut-être on en devrait pleurer, on rit follement. Si vous voulez comprendre le Japon

identifiez-vous au chat de Sôseki.



















Les pattes de chat font oublier leur existence ; on n’a jamais entendu dire qu’elles aient fait du bruit par maladresse, où qu’elles aillent. Les chats se déplacent aussi silencieusement que s’ils foulaient de l’air ou que s’ils marchaient sur des nuages. Leur pas est doux comme le bruit d’un gong en pierre qu’on frappe dans l’eau, doux comme le son d’une harpe chinoise au fond de quelque caverne. Leur marche est parfaite comme l’intuition profonde et indescriptible des plus hautes vérités spirituelles.
































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chaque sujet s'invente














s'invente

dans le meilleur des cas

s'invente

loin du monde



on peut 
se demander dans ces 
conditions

si


c'est la première illusion




soixante boîtes de musique
dispersées à même le sol en cercles inégaux

le monde 
n'est pas aussi 
ordonné qu'il pourrait sembler


ça existe

déçus nous sommes



le décor était 
un cadre possible
de n'importe quel récit


nouveau message

ciel d'orage
plus blême encore



des réponses 
claires et précises

perte 
de la présence
perte 
de la distance


le nombre léger


chaque minute compte 

les vides
les creux
les interrogations



bon 
pour accord

similitude troublante



le miroir 
est l'essentiel 

photographie




la typographie est 
une détermination de la lecture


pendules 
et calendriers 
seront mis en pièces

































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La carte 
n’est pas le territoire, 
nous le savons. 
















La pipe figurée sur une toile n’est pas une vraie pipe, nous le savons aussi. Magritte l’a écrit en toutes lettres appliquées sous l’objet peint par lui-même et Foucault nous a donné là-dessus l’un de ses textes les plus brillants. Les cartes du monde passent pour décrire avec précision la découpe des côtes, les accidents de terrain, les lacs et les mers mortes, les sinuosités capricieuses des fleuves ou ces routes qui nous permettent d’aller de Paris à Lisbonne, de Tallin à Moscou, de Los Angeles à New York, de Damas à Ispahan. On s’en sert et ça fonctionne.

On peut, grâce à elles, envoyer un missile sans trop de risques d’erreur là où il faut, étudier un tracé d’autoroute, la construction d’un barrage, ou repérer son itinéraire pour les prochaines vacances en Toscane. Mais, qu’un avion nous transporte d’Europe en Asie, et vous voyez alors, dans la plupart des journaux locaux, une représentation du monde, qui fait vaciller votre entendement. Par un simple décentrement du point de vue, votre vision habituelle se trouve désorientée, stupéfaite. Avant cela, dans l’avion lui-même, peut être avez-vous pu découvrir une tentative de représentation du globe terrestre qui fait valser la pointe des continents et grossir leur ventre. Vous ne vous y retrouverez que grâce aux gros points rouges ou noirs associés à des noms de villes et aux traits courbes qui désignent les routes aériennes desservies par la compagnie. 

Les cartes sont des fictions. Comme le sont les systèmes philosophiques ou scientifiques, la vision atomique de Lucrèce ou quantique de Niels Bohr.

Les cartes de Geneviève Morgan ont l’exactitude allègre des fictions, leur splendeur dorée. Elles ouvrent sur l’infini turbulent du rêve et s’enchantent d’un supplément de vérité qui manque ailleurs. Ces cartes ne sont pas intangibles, murées dans leur silence et figées. Elles se donnent à voir dans d’irrésistibles renversements de lumière où la peinture verse du jour à la nuit et de la nuit au jour.



L’azur 
s’emplit de noir 
et cingle les étoiles 
dans l’obscur qui s’étend 
et s’ouvre à l’infini.


Magie 
des cérémonies nocturnes.

Magie
de la splendeur stellaire.

Si les étoiles sont des soleils, pourquoi la somme de toutes leurs lumières ne dépasse-t-elle pas l’éclat du soleil  s’interrogeait Képler. Le monde s’efface, ses repères disparaissent, tout bascule soudain et, du cœur de la nuit, se lève l’éblouissement enchanteur des soleils lointains et de leur lumière fossile.














Cérémonie Nocturne
Michel Nuridsany


Iillustrations

Nébulinas. Vue diurne.
L'ensemble du ciel dans son découpage actuel en puzzle de 88 constellations.

Geneviève Morgan, 
Naxos en Grèce, pendant l'hiver 1980



































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