jeudi, janvier 28, 2016

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Le roi Salomon 
suppliait l’Éternel de lui accorder 











un cœur intelligent


Au sortir d’un siècle ravagé par les méfaits conjoints de l’efficacité technologique et de la ferveur idéologique, cette prière a gardé toute sa valeur.

Dieu cependant se tait. Il nous regarde peut-être, mais Il ne nous répond pas, Il ne sort pas de son quant-à-soi, Il n’intervient pas dans nos affaires. Il nous abandonne à nous-mêmes. Ce n’est ni à Lui ni à l’Histoire, délégitimée par un siècle d’horreurs commises en son nom, que nous pouvons adresser notre requête avec quelque chance de succès, c’est à la littérature. Sans elle, la grâce d’un cœur intelligent nous serait à jamais inaccessible. Et nous connaîtrions peut-être les lois de la vie, mais non sa jurisprudence. 



Tel est le postulat d’Alain Finkielkraut. Pour s’interroger sur les rapports de l’homme avec ce qui l’entoure, il a choisi neuf livres : La Plaisanterie de Milan Kundera, Tout passe de Vassili Grossman, l’ Histoire d’un Allemand de Sebastian Haffner, Le Premier Homme d’Albert Camus, La Tache de Philip Roth, Lord Jim de Joseph Conrad, les Carnets du sous-sol de Fédor Dostoïevski, Washington Square de Henry James, Le Festin de Babette de Karen Blixen.

Pour sa nouvelle grande œuvre personnelle depuis L’Imparfait du présent (Gallimard, 2002), Alain Finkielkraut nous redit combien, par essence, la littérature est essentielle au déchiffrement des énigmes du monde. Combien elle demeure le meilleur rempart contre les idées reçues et les certitudes. Combien les écrivains et leurs œuvres modifient nos existences, façonnent nos vies, réorganisent notre perception des êtres, des valeurs, du présent ou de l’avenir.

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Le 28 janvier 2016
Réception

M. Alain Finkielkraut est reçu 
en séance solennelle sous la Coupole, 
le jeudi 28 janvier 2016 à 15h, par M. Pierre Nora,
au fauteuil de M. Félicien Marceau (21e fauteuil). 

Ses deux parrains sont 
MM. Marc Fumaroli et Jean d’Ormesson.

Discours de M. Alain Finkielkraut.

Réponse de M. Pierre Nora..
































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La négation 

















prend 
souvent la forme 
d’une contradiction 

car elle est fondamentalement

comme l’ont 
bien montré linguistes et philosophes

métaénonciative 

elle contredit 
un énoncé antérieur

Pour Bergson

la négation
n’est qu’une attitude
prise par l’esprit vis-à-vis 
d’une affirmation éventuelle


Quand je dis

cette table est noire

c’est bien 
de la table que je parle

je l’ai vue noire
et mon jugement traduit 
ce que j’ai vu

Mais si je dis

cette table n’est pas blanche

je n’exprime 
sûrement pas quelque chose 
que j’aie perçu 

car j’ai vu du noir
et non pas une absence de blanc


Ce n’est 
donc pas au fond 
sur la table elle-même 
que je porte un jugement

mais plutôt 
sur le jugement
qui la déclarerait blanche

Je juge 
un  jugement
et non pas la table

Une proposition 
affirmative traduit un jugement
porté sur un objet

une proposition 
négative traduit un jugement 
porté sur un jugement

La négation 
diffère donc de
l’affirmation proprement dite 

en ce qu’elle est
une affirmation de second 

degré 


elle affirme quelque
chose d’une affirmation qui

elle

affirme 
quelque chose d’un 
objet 































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60

Juste mesure
















mesure juste


la moitié 
droite d'un sceau

qui retrouve 
son autre moitié


mesure régulatrice

phase de reconstruction

qui nécessite la maîtrise d'un élan




le sceau 
pour joindre deux parties 
d'un document

un lac qui contient ses eaux

le hasard des circonstances






























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dans

Cendre tirant sur 

le bleu







































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Agnes Martin

Rain

study

1960
































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Giuseppe Penone












né en 1947  Alpes Maritimes 

Il poursuivra sa croissance sauf en ce point, 1968, photographie en noir et blanc gardant trace de la performance et photographie couleur avec main de bronze, 1978, montrant la déformation de l'arbre en ce point, dix ans plus tard.















Je sens la respiration de la forêt, j’entends la croissance lente et inexorable du bois, je modèle ma respiration sur la respiration du végétal, je perçois l’écoulement de l’arbre autour de ma main posée sur son tronc… La main s’enfonce dans le tronc de l’arbre qui, par la vitesse de sa croissance et la plasticité de la matière, devient l’élément fluide idéal pour être modelé  G.Penone, 1968.


























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René Huyghe

Dialogue avec le visible



















L'auteur est convaincu que l' art a accompli le miracle d'être le lieu élu de la vie physique et de la vie morale, où l'homme, uni de force à l'univers, ne se sent jamais séparé de lui, et qui résout une dualité auparavant irréductible. C'est donc en humaniste que René Huyghe embrasse les forces les plus diverses de l'art à travers le temps et l'espace, et son "Dialogue avec le visible" nous apparaît écrit d'abord pour en dégager les constantes, ensuite pour cerner la réalité artistique, rendre lucide ce qui y fut tenté, poursuivi, enfin pour en comprendre l'origine et la portée humaines. Toutefois, c'est à travers le champ circonscrit de la peinture, où l'image déploie ses multiples ressources à travers ce qu'elle a créé hier et aujourd'hui, que l'auteur mène son enquête sur la nature de l'oeuvre d'art, sur sa raison d'être et ses pouvoirs. "En scrutant le monde et ses apparences, le peintre lui pose une interrogation; mais par la manière dont il le représente, il interprète sa réponse, parfois même il la lui dicte. Ainsi, par la peinture, l'homme engage le Dialogue avec le visible. Parfois, l'artiste, quasi muet, se borne à écouter, à enregistrer ce qu'il entend: on l'appelle un réaliste; parfois, il hausse le ton, il tonitrue, il couvre la voix des choses: c'est la tentation de nos contemporains". Et puisque comprendre signifie, non pas approcher quelques idées maniables, mais s'en pénétrer, l'homme à travers les siècles, sans cesse, continue, poursuit, recommence son dialogue avec l'univers, avec lui-même.













































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21 .01.2016

12.00
















l'état d'exaltation

le ciel est à nuages rapides





Action 
de porter vers le haut 
dans l'espace quelque chose

d'élever très haut



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Au départ, la verticale est donnée par la colonne; l'inclinaison débute avec la figure allégorique dont les bras levés disent le désespoir (...) les nuées étirées, le groupe des mères terrifiées rejoignent presque l'horizontale, sur laquelle s'allonge la figure renversée. Ainsi une double translation opérée dans le même sens s'achève, la première par une exaltation finale, l'autre par une chute évocatrice de la mort. Huyghe, Dialog. avec le visible,1955, p. 217



Photographie 
Patrick Blanfume
Beaufort janvier 2016



























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cesser ou persister 












cesser 

de fournir quelque chose

mettre fin temporairement
ou définitivement à quelque chose

arrêter

interrompre




persister

de fournir quelque chose

continuer avec fermeté
et obstination à être dans telle 
disposition

à vouloir accomplir
tel projet ou à penser de telle 
façon




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la neige est tombée 
ce matin et a fondu aussitôt

de la buée 
s'est formée sur la vitre 
lorsque je me suis approché pour regarder 
la neige tomber


c'est à cela 
qu'on reconnait 
les vivants

la buée sur un miroir






































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