jeudi, juin 09, 2016

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Silvia 
Patricia Balaguer

















la figue comme réponse décalée à la question « Qu’est-ce que la poésie ? » (qu’est-ce pour vous la poésie, Francis Ponge, vous qui ne cessez de vous déclarer un non-poète, ou un poète par défaut, etc.) si l’on ne voit pas que ce poème n’est pas la simple et personnelle « consolation matérialiste » d’un amateur de figues, mais précisément la tentative de fondation (ou refondation) d’une poétique « matérialiste » (dans sa lettre Rimbaud disait d’ailleurs, quelques lignes après la définition de la langue nouvelle qu’il se donnait pour tâche de « trouver », et que Ponge met en épigraphe de son travail du jour : « cet avenir sera matéraliste »), poétique « matérialiste » qui va devenir d’ailleurs, comme on sait, un des projets mythiques de l’avant-garde des années 60 /70 (de Philippe Sollers à Pierre Guyotat), et qui ne peut affirmer ses principaux attendus : travail lucide (conscient, méthodique, systématique) sur la langue considérée comme matériau modifiable, modelable, concret, « pâte épaisse à franchir », donnant accès « au fond obscur des choses », qu’à la condition première de rejeter sans ambages les voies adverses, inverses, et d’autant plus nettement qu’elles sont plus séduisantes et plus objectivement puissantes (peu contestées). 

































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