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le football
comme un instrument efficace
du soft power
Jean-Claude Michéa
Le concept de soft power a été avancé par Joseph Nye en 1990 dans le cadre de ses réflexions sur les nouvelles formes de la puissance américaine. L’intérêt de ce concept – aussitôt repris par Collin Powell et les théoriciens du Pentagone – est de nous rappeler que les progrès planétaires du capitalisme s’expliquent aujourd’hui beaucoup moins par l’usage direct de la force et de la coercition (ce que Nye appelle le “hard power”) – usage qui n’a évidemment pas disparu – que par le pouvoir de séduction qu’exercent son imaginaire consumériste et son omniprésente propagande publicitaire. Il n’est effectivement pas nécessaire de mettre un policier derrière chaque adolescent moderne pour l’obliger à boire du Coca-Cola ou à mettre sa casquette de baseball à l’envers ! Marx l’avait, du reste, bien pressenti lorsqu’il écrivait, dans le Manifeste, que “le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui [permet au capitalisme] de battre en brèche toutes les murailles de Chine et (…) force toutes les nations à introduire chez elles la prétendue civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises”.
En ce sens, “l’idéologie sportive” – que je distingue toujours soigneusement de l’esprit sportif – est bien devenue l’un des éléments fondamentaux du soft power. Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer la mise en scène médiatique de plus en plus outrancière – et le merchandising corrélatif – qui entoure désormais les grandes cérémonies sportives mondialisées, qu’il s’agisse d’une Coupe du monde de football ou des Jeux olympiques.
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