mardi, avril 12, 2016

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On dirait un conte. 













Dans un jardin public de Tokyo, un homme un peu triste vendait sans succès ses dorayakis, des gâteaux fourrés à la pâte de haricots rouges. Survint une vieille dame qui proposa de faire cuire les haricots à sa façon. Et les dorayakis se vendirent comme des petits pains. Jusqu'au jour où les mains rougies et déformées de cette vieille dame, nommée Tokue, attirèrent l'attention des clients, qui se mirent à la regarder comme une sorcière...

Cette adaptation d'un roman de Durian Sukegawa ouvre un univers d'étonnants contrastes. Il y a la douceur presque sucrée de Tokue, tendre comme ses gâteaux. Mais aussi la ­douleur secrète qu'elle porte en elle et qui fait resurgir un passé tabou : l'époque où le Japon condamnait à l'enfermement les malades de la lèpre. Chaque existence est faite de blessures. Le vendeur de dorayakis en cache, lui aussi, plus banales, mais non moins lourdes à porter.

Tout en menant ce récit avec simplicité et candeur, Naomi Kawase (Still the water) ne cesse d'y chercher matière à une élévation. Elle reste ainsi ­fidèle à l'élan de spiritualité qui parcourt son cinéma, mais trouve, à tra­vers le personnage de Tokue, une ­manière plus émouvante d'exprimer sa foi en des forces invisibles présentes dans notre monde quotidien. La spécialiste des dorayakis n'a pas son pareil pour recommander d'écouter ce que racontent les haricots rouges ou les feuilles de cerisier. Elle ouvre un chemin vers la grâce et la possibilité de surmonter les épreuves. Et Naomi Kawase nous fait, avec ferveur, passer d'une recette de cuisine à une leçon de vie.  Frédéric Strauss


























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