mardi, janvier 05, 2016

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Dans Orwell, 
anarchiste tory , 














le philosophe Jean-Claude Michéa ironise sur cette non-pensée contemporaine qui « n’a aucune difficulté à célébrer en Orwell le défenseur de la liberté et des droits de l’homme, non parfois, d’ailleurs, sans quelque condescendance. Elle peut, de même, accepter sans problème qu’il soit demeuré un socialiste radical ; car, après tout, ce sont là des mots qui, de nos jours, n’engagent à rien de précis. Elle lui aurait même sans doute pardonné d’être un écrivain "conservateur" , car c’est parfois décoratif et, de toute façon, c’est toujours un épouvantail commode pour la formation des jeunes consommateurs. Mais ce qui est inadmissible, c’est qu’Orwell soit tout cela simultanément et qu’il le soit de façon cohérente. Ce que l’époque n’admet pas, c’est que l’on puisse être à la fois un ennemi décidé de l’oppression totalitaire, un homme qui veut changer la vie sans pour autant faire du passé table rase et par-dessus tout un ami fidèle des travailleurs et des humbles ».



Ainsi, toute lecture qui réduirait l’oeuvre orwellienne à la simple critique du phénomène totalitaire et passerait sous silence le magnifique souffle de révolte face à l’injustice sociale qui l’anime relève de la plus pure falsification. Mais cette révolte-là ne peut en aucun cas être confondue avec le conformisme idéologique et le goût du pouvoir qui firent de nombre d’écrivains et de penseurs les chiens de garde de systèmes inhumains : elle plonge au contraire ses racines dans un terreau d’expériences fondatrices — enquête auprès des ouvriers de Wigan, guerre civile espagnole - au cours desquelles Orwell découvre le rôle capital que jouent encore dans le quotidien des hommes ordinaires les vertus de solidarité, d’honnêteté et de camaraderie, et qu’il nomme la common decency...


Régis Pénalva


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« Le livre de Jean-Claude Michéa sur George Orwell doit vous être indispensable » écrit Sollers. N’ayons pas peur d’élargir le propos : il faut lire les livres de Jean-Claude Michéa. C’est irritant, décapant, souvent à contre-courant, discutable, toujours stimulant.






Jean-Claude Michéa




























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