jeudi, avril 30, 2015

.


18/19/20

le suspens de la ligne










qui s'appelle vers



jour par jour

regarder toutes ces choses

qu'elle ne regarde plus


la terre humide noire

et luisante



séduction violente

sur le vif


une flûte invisible

soupire dans les vergers



j'ai avalé le livre d'une traite


l'âme en fleur



une sensation de vert intense




































.

mercredi, avril 29, 2015

.



Remuer au gré du vent












de l'eau ou 

d'une impulsion 

quelconque 




d'une manière 

qui rappelle 

le mouvement des ondes 

à la surface de l'eau




se mouvoir en décrivant 

des lignes sinueuses




présenter une ligne souple





adopter avec souplesse 

des positions différentes

des attitudes diverses





onduler flotter remuer voltiger

s'envoler

avec un dessin de Ariel Davis




















.
.




125



















Proposition d’écriture 



Agencer les mots
comme des suggestions, 

les disperser 
sur la page de façon à encercler
les espaces laissés vacants, 
ainsi rendus 
disponibles aux scintillements 
du langage. 





Libérer le sens 
des significations fossiles. 






Cerner les vides où se déploie 
une langue sans cesse mouvante 
et néanmoins tenue. 






Mettre 
en évidence 
le réseau de sens 
habituellement 
voilé 
par la linéarité 
du langage en utilisant 
notamment 
les possibilités 
de variation 
typographique et de mise
en page comme 
mise en scène. 







A partir d’images, 

avec ce système de montage, 

construire un paysage à aménager. 






à quoi avons-nous utilisé cet argent ?

encore une fois quelle est notre vision ?








langage
paysage
sens fragment
images





LIMINAIRE


















.









.












Avec la série intitulée Mobiles, j’essaie d’installer un dispositif qui fait fonctionner (comme une machine fonctionne) plusieurs types de montages. Les fragments utilisés sont expérimentés jusqu’à épuisement. 

Chaque Mobile est en effet une installation précaire où le(s) discours et le(s) montage(s) constitués d’affirmations diverses, de petites histoires, de constructions grammaticales… construisent un réseau particulier. Ailleurs, les mêmes éléments combinés de manière différemment aléatoire, composeront un autre texte-installation. Avec ces images, avec ce système de montage, j’aimerais construire un paysage à aménager. Il s’agit de dispositions particulières d’expérimentation.

Mon but serait une écriture-carte dessinée comme un territoire passager où les discours s’entrecroisent sur une surface qui mimerait un discours vrai ; mais ceci comme si le texte n’était pas vraiment dans un territoire exact ni utopique mais simplement variable. Mon espace textuel se situe sur une frontière : le texte appréhendé comme un espace cartographié, souvent décadré et recadré, avec des perspectives particulières et mouvantes, faites de signes reconnaissables et cependant tout en surface. 

La contrainte serait donc dans l’utilisation de mêmes objets pour aboutir à un espace légèrement décalé et semblable ; vrai et faux. Comme pour le jeu de go où les pions occupent sur le damier une intersection de lignes ; ils se combattent grâce à une imperceptible avancée : une armée de mots-pions (noirs et blancs de la page) ravageant le terrain par petites avancées et contournements, solitaires mais en groupes – accolés et formant cependant une linéarité. 


Vannina Maestri, Mobiles, Al Dante, 2005. 





.
Spencer Wohlrab






























.
.
Eaton , John Bertram



1881 - 1966











Cattle Tracks

The winding track









Digital collections pictures































.

mardi, avril 28, 2015

.





*










où est la terre où

le ciel

le silence fou d'un pas


28.04



le sommet à atteindre

serait de composer

une mélodie


avec labyrinthes 

et parties inversées



les nuages ont l'air d'oiseaux

prenant la fuite

sur les plaines

de l'éternel avril




je me représente 
le vide
identique à une flamme























.
.



Un pèlerin de Vézelay. 












Voilà trente ans que je suis (à ma manière) un pèlerin de Vézelay.Ce que j'y cherche n'est pas précisément de l'ordre de la prière bien que tout soit offrande dans l'accord du monde et des hommes. Je pourrais tracer de mémoire un cercle réunissant tous les points d'où, du plus loin possible, on aperçoit la Madeleine. Longtemps avant qu'un panneau l'indiquât, entre Voutenay et Sermizelles, je ralentissais juste à l'endroit de la Nationale 6 qui découvre la basilique par un angle de vue aussitôt refermé. En descendant par Pontaubert je la saluais, comme tout le monde, plantée au bord de la colline. Du côté de Vauban j'ai regardé le soleil couchant grandir son ombre vers les fonds. Par-dessus Saint-Aubin-des-Chaumes, j'ai tranché la ligne de crête des derniers Vaux d'Yonne pour dessiner (mais de quelle main maladroite !) son portrait. J'ai fait le tour des portes par les chemins herbeux d'Asquins. À Maison-Dieu, j'ai suivi le sentier des bois qui la montre soudain église de village, tout au bout de la rue. « Vézelay, Vézelay, Vézelay, Vézelay », connaissez-vous plus bel alexandrin de la langue française ? J'en ai mieux aimé Aragon.

Aujourd'hui, j'y suis revenu d'instinct. La décision qui m'attendait me paraissait plus facile, presque aisée, dictée par ce pays sublime tandis que sous les tilleuls de la terrasse je contemplais la fin du jour.



François Mitterrand
La paille et le grain






























.
.



A la Saint Jean d'Hiver, 


















les chapiteaux 
élevés du côté nord 

de la nef sont baignés
par la douce lumière du solstice. 




A la Saint Jean d'Été, 
un chemin de lumière relie 

le tympan au choeur


partant de la 
sculpture du Baptiste, 
figuré sur le trumeau du tympan. 
































.
.



L'expérience intérieure

















Je ne veux plus, je gémis,
je ne peux plus souffrir
ma prison.
Je dis ceci
amèrement :
mots qui m'étouffent,
laissez-moi,
lâchez-moi,
j'ai soif
d'autre chose.
Je veux la mort
non admettre
ce règne des mots,
enchaînement
sans effroi
soit désirable ;
ce n'est rien
ce moi que je suis,
sinon
lâche acceptation
de ce qui est.
Je hais
cette vie d'instrument,
je cherche une fêlure,
ma fêlure,
pour être brisé.
J'aime la pluie,
la foudre,
la boue,
une vaste étendue d'eau,
le fond de la terre,
mais pas moi.
Dans le fond de la terre,
ô ma tombe,
délivre-moi de moi,
je ne veux plus l'être.



Georges Bataille
L' Archangélique et autres poèmes

Poésie/Gallimard





























.

.















Les deux pieds en terre, 

le regard face au Zodiaque du tympan 

liée en quelque sorte 

du « royaume » d’aujourd’hui… 

au « royaume » de demain 

du « royaume » d’ici-bas… 

au « royaume » d’en-haut, 

peut-être, 

la voie se trouve-t-elle 

en la spirale labyrinthique du plissé, 

sculpté au genou 

de la figure du Maître du… Temps 

en l’attente de l’ultime initiation, 

à savoir le passage à l’éternel 

« Orient ». 





                                                                         Dominique Vincendon






























.
.



16 / 17/ 18











Dieu nous éclaire

à chacun de nos pas



air limpide

jeune herbe brillante


les petites fleurs d'or

les petites fleurs bleues


une voix dispense

des poèmes



il admire

il adore

il écoute en lui-même




je sens les choses 

s'éclaircir



et maintenant travailler

travailler le plus possible

avec ma petite écriture



les pétales

des pommiers

volent




l'homme
est
un puits
le
vide
toujours
recommence

































.

lundi, avril 27, 2015

.



petit oiseau











mille couleurs



le vent

le ciel

la folie



LA FENÊTRE



je me cache 
dans tes ombres
et je mange à ton soleil 


























.


.
Tamas Dezso





Here   Anywhere


































.
.
Depuis





la nuit des... Temps, 

















le rythme 
de la vie de l'humanité 
a épousé celui des cycles naturels 

dont était tributaire 
la satisfaction de besoins vitaux : 

se nourrir, 
boire, 
se reproduire... 

Une conception 
circulaire du temps était généralisée, 
ainsi, au Moyen Âge, 
les hommes, 
vivaient un temps structuré par 
les travaux des champs et... la liturgie, 
temps cyclique par excellence, 
qui n'avance ni ne recule. 

Ceci est 
présent et visible 
au Tympan de Vézelay 

Au centre,  un Christ 
dans sa mandorle vaginale 

mandorle = amande

créateur du Temps  Christ chronocrator 

Le pain et le vin 
symboles de l'eucharistie 
mais aussi les deux extrémités du Zodiaque 

La forme circulaire 
représentation des cycles, 
à l'image de la course diurne visible
et nocturne invisible du Soleil

et concentrique 
les cycles sont imbriqués et équivalents: 
midi et minuit sont au jour ce que les deux solstices sont à l'an

Nombre des médaillons 
30 1/2, le nombre moyen de jours dans un mois

Les Travaux des Mois 
c'est à dire le Temps des Hommes, 
le temps d'en bas

Les signes du Zodiaque 
planètes et saisons, le Temps céleste, 
le temps d'en haut 






C'est en quelque sorte 
un temps qui tourne en rond 
comme le montre le médaillon du Nouvel An 

un vieillard 
porte un jeune homme sur ses épaules, 

il suffit de laisser 
le temps au temps 

pour que le jeune homme 
devienne, à son tour, le vieillard...
































.

dimanche, avril 26, 2015

.
Sur le vallon...




















régnait encore 
un épais brouillard 
ça et là par les cimes des arbres. 

Au-dessus 
apparaissait la ville comme 
une pyramide resplendissante de lumière. 

Prosper Mérimée 







Aucun lieu n'est, semble-t-il, à la fois plus léger et plus pesant, plus fatal. Qui le touche s'y brûle et ne se remettra jamais de son approche, même à distance. Qui a bu de son vin aura toujours soif. Ton sein est une coupe arrondie où le vin ne manque pas... Qui s'est réchauffé à ses flammes aura toujours froid ailleurs. Qui a contemplé une fois cette ville et ses remparts ne pourra plus se passer d'elle, qui a dormi là ne rêve que d'y mourir. Quelque chose d'indéfinissable, peut-être d'infini, vibre en soi, qui agit dans la conscience ou l'inconscience, les articulations et les replis du corps et de l'âme, dans la lumière ou dans le trouble.


Jules Roy
Vézelay ou l'amour fou









































.
.



Le moulin mystique 

















Le plus beau 
chapiteau symbolique de l’église. 

Un homme, 
court vêtu et chaussé, 

verse du grain dans un moulin, 

tandis qu’un autre, 
le front dégarni, 
pieds nus et vêtu d’une ample toge, 
recueille la farine. 

En fait, 
il faut voir 
dans le premier personnage 
le prophète Moïse ;

dans le grain qu’il verse, 
l’ancienne Loi, 
reçue au mont Sinaï ; 

dans le moulin 
qui broie le grain, 
le Christ (roue marquée d’une croix) ; 

dans l’homme
qui recueille la farine, 
l’apôtre Paul ; 

et dans la
farine elle-même, 
la nouvelle Loi. 

La Loi de Moïse 
contenait la vérité, 
mais une vérité obscure,
cachée comme dans le grain, 
la farine. 

Par le sacrifice 
du Christ sur la Croix, 
elle a été transformée en
cette farine assimilable, 
la Loi nouvelle de l’Evangile, 
que saint Paul a reçu mission de recueillir
pour distribuer. 

La profondeur théologique 
et la beauté de ce chapiteau le font attribuer 
à l’auteur du grand tympan du narthex. 




L.A.Photographie Vézelay avril 2015

























.