mardi, février 24, 2015

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Tout est fait d'eau





Thalès Milet 625-547 av.JC














Peut-être qu'au départ, ce n'était qu'une voile. Comme sur la vaste étendue de ce que l'on voit, c'est une voile. On ne dit pas le reste. On le sait sans le dire et même sans le voir. Mais la voile, elle se laisse voir. C'est presque son statut. Elle dit qu'elle est une voile parce qu'on la voit. Et l'on voit bien ce qu'elle ne dit pas sans le voir. Pour le moment, l'important est qu'elle porte ce qu'elle a à dire et que le mouvement qui en résulte la porte sur l'immensité indicible. Ça la tient fière de ne pas être confondue à l'infinie solitude où elle a été mise on ne sait d'où. C'est tout un honneur pour elle d'avoir su trouver cette manière d'être une voile où la tension même de son "être une voile", de ses fibres les plus intimes, résulte en la capacité d'être accomplie du souffle qui la tient, ce souffle qui lui donne sa forme et la tient voile en tant que voile. Sans ce souffle, elle serait un tas de chiffons ! Mais l'immensité où elle se trouve en serait elle aussi réduite à rien ou presque rien. Vous imaginez s'il n'y avait pas d'horizon, pas de limite au regard, pas de différence entre l'au-dessus et l'eau dessous. La voile ne serait pas voile en son sein, elle ne signifierait pas ce qu'elle signifie en tant que voile dans l'entre dessous et dessus ou plutôt entre la surface indicible et l'espace impalpable hormis en sa position de voile.


Antoine Walter





Photographie
Argoul
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