mercredi, décembre 03, 2014

.

M comme Mot



















ils en savent
sur le langage beaucoup
plus que nous

les mots préexistent à ta naissance

les mots

que tu dis sont plus

à l'intérieur de toi que toi


notre chair physique

c'est la terre

mais notre chair spirituelle

c'est la parole



elle est l'étoffe

la texture
la tessiture
le tissu

la matière de notre esprit




le jour
chauffe
le pourtour
de mon oeil

je retourne au vent

je fonds dans l'espace


avec
le 

Verbe 
Amour

aime les mots









.
.









Issu d'un « Carnet de travail » tenu quotidiennement en écrivant, en peignant, en faisant répéter les acteurs, ce livre –   conçu comme une suite aux six-cent seize notes de Pendant la matière (P.O.L, 1991) – tient sur quatre pieds comme une table ou un animal. 

Il se compose de quatre textes égaux : 

Demeure fragile , 
Le Débat avec l'espace , Devant la parole , 
Opérette réversible  

où s'affirme – à partir de la description d'une représentation de nô, d'une peinture de Piero della Francesca, d'une descente dans l'enfer de l'opérette, d'une rumination du mot   parole  que le temps ne va pas d'un trait, qu'il est un volume. Le réel s'y déplie. Et ce n'est pas par hasard que le mot  temps, dans notre langue, porte un   S.




Première édition P.O.L 1999.















.
.











l'espace ne s'étend pas

il s'entend

il s'entend un souffle

le ruisseau dans le sillon



le réel respire



l'oreille fouille le jour

dans la pensée
une source d'air est ouverte

naissance d'espace

la langue est en fugue

en fuite
en vrille

poursuivie
poursuivante

je gagne le sens de l'espace


la terre au pas de course






















...