dimanche, décembre 01, 2013

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Au bord de l'eau

la cité absolue

le lieu et la formule






















Transcription
du commentaire de Sollers depuis
le ponton de La Calcina




Les cloches sonnent pour sonner 
en fonction d’un certain nombre de petites cérémonies 
et je suis très sensible à ça.



C’est la présence, sacrée, en exercice, à Venise. 
Si on ne ressent pas ça, on passe totalement à côté de la ville. 

...Voilà, là, c’est La Salute qui sonne 



mais San Giorgio ou le Redentore répondent. 
Alors, il y a un dialogue aussi entre les différents lieux, 
très très chargés d’histoire, 
et de spiritualité de Venise. 



Derrière nous, il y a les Gesuati, 
Là bas, c’est la Salute, plus loin San Giorgio, 
là, le Redentore. 
Et par conséquent, vous entendez 
que ça fait déjà un concert 
qui est fait pour occuper l’air d’une certaine façon.




Ces cloches annoncent quoi ? 




Eh bien, en général - sauf si c’est le glas - 
de très bonnes nouvelles, 
une très bonne nouvelle permanente, 
toute la journée. 
Encore une bonne nouvelle, 
encore du carillon, 
encore un hommage à l’eau, l’air et à la liberté 
qui est là chez elle. 
Magnifique, les cloches ! 




Mais le fait qu’il puisse y avoir ce rapport 
entre l’air, l’eau et la lumière, 
en pleine culture, magique - 
l’air de Venise, vous l’avez dans la musique et dans la peinture - 
vous sentez que les gens qui ont créé, ici, 
ont respiré d’une certaine façon, marché d’une certaine façon, 
navigué d’une certaine façon. 
Voilà, c’est la fois extrêmement vif, 
comme nature, 
et fabuleux, comme culture. 
Les deux, à égalité.



[Sollers regarde le ciel, un oiseau passe...] 
Et quand un goéland ou une mouette passe, 
ce sont des signatures, raffinées, de l’air.








La Cité absolue :
Venise, le lieu et la formule

ici

fleuves & montagnes sans fin

ici


























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C

Première et deuxième 
figure















très cher lecteur
il y avait des arbres faits de fil de fer
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voix et adresse
dans une mer de doute
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lentille
où l'eau s'écoule des rochers
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entendu
dans le sens des aiguilles de la reine
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le français
pour poisson d'avril à cause du vent
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ainsi l'étoffe
c'est le parc au crépuscule
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je jonglerai
avec des citrons verts
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aucune page (contournée)
dans cette tempête particulière de décembre
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le ciel nocturne  le train
avant que le sommeil ne reprenne
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musique
au matin du cinquante-quatrième jour
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de David Hume
l'apparence de l'air

un peu 
de poussière sur chaque objet
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ce qu'il
me dit fut bref

je suis entouré
par l'inutilité du bleu tombant au loin
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Ellsworth Kelly 
Jacopo Bellini Michaël Palmer 
Lionel André























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41   un seul coup sec

42   monde infini   ouvert

43   poésie comme liaison hélicoïdale 

44   transforme un mouvement de rotation en translation

45   fait craquer l'écorce du temps

46   ne s'attache pas aux formes ni aux matériaux

47   aucun moyen d'expression ni aucun style ne le définissent

48   plutôt la manière dont il interroge la réalité

49   remet en question le statut traditionnel de l'objet

50   au-dessus des montagnes indivisibles

51   au-dessus des bois des vallées

52   j'ai besoin de penser à sa main sur le papier

53   par-delà des blocs d'espace

54   par-delà des blocs de durée

55   par-delà des sphères étoilées

56   mon esprit dans la pièce qu'il respire

57   mon esprit entre la chaleur et l'image

58   mon esprit comme un bon nageur

59   avec son oreille qui écoute

60   derrière l'entassement des pierres














Versant Est

























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