mercredi, octobre 02, 2013

.




















à partir de

sol
de soi
ou de ciel

à partir d'un volume
d'air

d'un coup d'oeil



à partir
d'une condensation
accidentelle

d'une image




à partir du papier nu

d'un fond qui traverse




à partir de l'opaque

de la couleur

à partir de
la nomination

à partir d'un temps




d'un clignement suspendu


d'un regard

à partir d'un 
pas grand chose

d'un je ne vois presque rien

à partir d'une
chute

d'une tache

d'un objet

d'une trace

d'un dessin

d'un mot en italique 

d'un support
même entamé

d'une obscurité

à partir de
ce qui ne bouge pas

de ce qui est à surprendre

d'une éclaircie

d'une fraction de terre

à partir d'un inconnu

d'un nouveau reconnu

à partir du jour




d'une blancheur
qui atténue l'aveuglement





.
.

La parole existait avant











que le monde
ne lui offre son arche de roc




la parole et le fleuve
entretiennent une subtile
parenté



l'une et l'autre
coulent d'une source inconnue
qui est aussi mer infinie
vers laquelle se dirigent
tous les fleuves




sur le trajet du soleil
une voix unique
rassemble 
les voix

dispersées
éparses et vagabondes




les  Ici
sont des Maintenant

gratuité qui enrobe le présent
d'une aura lumineuse

préséance
au sens premier




























.

.

Aux bords des mondes
















Lire, et composer sa pensée à partir de ses lectures.

Il faut s’arrêter un instant sur ce très beau "à partir de … ", lui donner la possibilité de se déployer dans l’esprit, ce "à partir de" qui est la possibilité du mouvement, la possibilité et le droit qui nous est donné de nous éloigner de ce qui nous anime, de nous éloigner de ce qui nous nourrit et conforte notre pensée. 

"À partir de", comme Bernard Williams pense que toute la philosophie pratique actuellement s’écrit "à partir de Kant", c’est-à-dire dans un éloignement, qu’il recherche, mais qui se détermine dans un point dont l’origine vient de Kant. C’est un rapport vivant à ce qui nous fonde. "À partir de" nourrit et n’étouffe pas, provoque la dynamique et ne l’arrête. Penser "à partir de", c’est composer sa pensée de toutes les lectures qui les nourrissent.



Isabelle Pariente-Butterlin

Photographie source ThinkNorth




















.


.













    THE SECOND COMING



    Turning and turning in the widening gyre
    The falcon cannot hear the falconer;
    Things fall apart; the centre cannot hold;
    Mere anarchy is loosed upon the world,
    The blood-dimmed tide is loosed, and everywhere
    The ceremony of innocence is drowned;
    The best lack all conviction, while the worst
    Are full of passionate intensity.

    Surely some revelation is at hand;
    Surely the Second Coming is at hand.
    The Second Coming! Hardly are those words out
    When a vast image out of Spiritus Mundi
    Troubles my sight: a waste of desert sand;
    A shape with lion body and the head of a man,
    A gaze blank and pitiless as the sun,
    Is moving its slow thighs, while all about it
    Wind shadows of the indignant desert birds.

    The darkness drops again but now I know
    That twenty centuries of stony sleep
    Were vexed to nightmare by a rocking cradle,
    And what rough beast, its hour come round at last,
    Slouches towards Bethlehem to be born?




















LA SECONDE VENUE



Tournant, tournant dans la gyre toujours plus large,
Le faucon ne peut plus entendre le fauconnier.
Tout se disloque. Le centre ne peut tenir.
L’anarchie se déchaîne sur le monde
Comme une mer noircie de sang : partout
On noie les saints élans de l’innocence.
Les meilleurs ne croient plus à rien, les pires
Se gonflent de l’ardeur des passions mauvaises.
Sûrement que quelque révélation, c’est pour bientôt.
Sûrement que la Seconde Venue, c’est pour bientôt.
La Seconde Venue ! A peine dits ces mots,
Une image, immense, du Spiritus Mundi
Trouble ma vue : quelque part dans les sables du désert,
Une forme avec corps de lion et tête d’homme
Et l’œil nul et impitoyable comme un soleil
Se meut, à cuisses lentes, tandis qu’autour
Tournoient les ombres d’une colère d’oiseaux…
La ténèbre, à nouveau ; mais je sais, maintenant,
Que vingt siècles d’un sommeil de pierre, exaspérés
Par un bruit de berceau, tournent au cauchemar,
- Et quelle bête brute, revenue l’heure,
Traîne la patte vers Bethléem, pour naître enfin ?
W.B.YEATS
Traduction d’Yves Bonnefoy



















.

*














02.10.2013

Lune décroissante
pleine
à 19 %



je porte le soleil
dans ma coupe d'or

the moon in a silver bag

WBY





l'oiseau 
de la montagne chante le jour

l'oiseau
de l'eau    la nuit


















.
.

Fausto Melotti





NETS
 1961



























.