vendredi, mai 04, 2012

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Ku Sang






Aujourd 'hui
l'éternité















L'auto-ironie, chez cet homme meurtri par les épreuves, et qui regarde le monde, sous l'égide du Christ et de Bouddha, comme une fable chargée d'espérance, le garde du pathétique inutile. Surtout, il a su préserver le don d'émerveillement de l'enfance et son refus de l'injustice, cet accord avec la nature qui lui ferait dire au malheur : Retire-toi de mon soleil ! La pratique de la poésie, pour Ku Sang, n'est pas non plus sans lien avec la contemplation souriante et grave à la fois, par laquelle il exorcise ce qu'il définit comme ses " répétitions d'agonie ". Il confie au verbe, dans l'incertitude des jours, la mission de retenir, ou d'inventer une sereine éternité.

Traduction et présentation Roger Leverrier
Orphée
La Différence








Le véritable aspect du verbe


Un fois ôtée la cataracte de l'ignorance ( 1 )
Qui, sur les yeux de mon âme, s'était formée,
Je comprends l'identité
De la création et du verbe ;


Le fait, jusque-là, observé sans attention,
Que mes doigts soient au nombre de dix,
Comme si de quelques miracle j'étais témoin,
Me remplit d'un soudain étonnement.

Les fleurs des forsythias nouvellement écloses
Au coin de la clôture, devant ma fenêtre,
Comme si d'une résurrection j'étais témoin,
Me causent un véritable ravissement.

Je comprends que, si je balbutie ainsi
Par la grâce merveilleuse du verbe,
Moi qui suis plus minuscule que le grain de sable
Dans l'infini de l'univers, dans l'immensité de l'océan,

Ce n'est point pure imagination, pur symbole,
Mais la Réalité elle-même.



(1) Ici l'ignorance est prise au sens bouddhique ; il s'agit de l'état perverti de l'esprit, résultat du désir et de l'attachement, qui empêche de saisir la vérité et l'essence des choses.
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