lundi, novembre 07, 2011

18 H 08

La lumière est la forme d'écriture propre à la photographie

















Dans les religions de tradition indo-européenne, tout est supposé commencer avec la lumière. C'est elle qui est à l'initiative, c'est elle qui commande le discours, qui ouvre une possibilité de manifestation, la plus originaire, la plus proche de la source (phantasme, spectre).

Avec elle commence la géographie du paraître (phainestai).

La lumière (phos) a rapport au feu et à la révélation. C'est une arkhè.

Les langues indo-européennes n'ont pas de mot commun  pour religion,
mais elles en ont un pour dieu (deiwos ) qui signifie

"lumière" : la lumière du jour (dies ) et aussi celle des cieux.

Même ceux qui tentent de s'opposer à la religion ont recours aux Lumières.

Dans la notion indo-européenne de Dieu (le lumineux, le céleste),
la lumière commande et commence le discours.










L.A.Photographies, Beaufort, novembre 2011
source texte Derrida, foi et savoir.
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Barnett New man, White fire 1968






















J'imagine que ces grains sont des phrases prononcées par des spectres. Si je les appelle fondements, ce n'est pas parce qu'ils fondent quoi que ce soit, c'est pour me rattacher à une pensée acquise, reconnaissable. Si j'utilisais le mot axiome , cette pensée serait encore plus connotée, mais de toutes façons la terminologie est aussi ronflante que fausse. A la fin du jour, comme disent les anglais, les grains sont actifs, mais effacés. On aura oublié les phrases. Que je les prononce avec une certaine solennité, que je les désigne par un mot ou par un autre - mais jamais tous les trois ensemble - n'a pas d'autre incidence que théatrale. C'est juste pour rendre un peu plus crédibles ces spectres auxquels je m'adresse.










Supposons que les trois phrases soient les suivantes : la première, la seconde, la troisième. L'ordre n'a aucune importance. On pourrait commencer par la troisième, revenir à la première, ou les inscrire dans trois recueils différents. Elles continueraient à opérer. Trois phrases : un choix personnel, arbitraire, injustifiable. On peut en prendre d'autres, ou plus que trois, ou moins que trois, de toutes façons, les grains de sable sont indiscernables

Il suffit de trois grains de sable pour servir de fondement







L'Ethica étendue à la voix (Bendito Sapintza, 2007)
source idixa
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Chen Zhen, short-circuit




Chen Zhen emploie fréquemment l'image du court-circuit électrique pour qualifier " le stade le plus stimulant dans le processus de création ". " à chaque fois qu'un artiste se trouve en présence de nouveaux facteurs contextuels, il va être sensible aux différents conflits de pouvoir, aux possibilités de dialogue". Pour lui, " ce choc qui met à l'épreuve notre stabilité " réunit " deux choses qui ne doivent pas être ensemble, provoque une destruction et en même temps une énergie.



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Chen Zhen, les pas silencieux
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L'art de Chen Zhen n'est pas seulement habité par une iconographie du corps - cocons, organes, peau, médecine , vêtements - ; il est basé sur la vie, façonné selon un principe organique - l'eau, le feu, la terre, l'air, la digestion, la gestation, la combustion, la circulation - et rythmé par un souffle intérieur. Eau, terre, feu ( cendre ) sont les éléments naturels avec lesquels l'artiste purifie et transforme les objets, en les restituant au monde et à l'éternité . " La cendre est en même temps le corps d'une mémoire désinfectée et l'engrais qui fertilise la terre " affirmait Chen Zhen. Dans son travail, corps et esprit ne sont jamais déconnectés ; en parlant de la désinfection ( 1997 ), une des oeuvres de l'exposition, il poursuivait : " A première vue, l'oeuvre montre un système de cuisson à la vapeur, mais la nourriture a été remplacée par des livres. Cette oeuvre nous montre à quel point l'homme a besoin de nourritures différentes pour exister : matérielle et spirituelle ".





L.A.Photographies, San Gimignano, Galleria Continua, octobre 2011.

http://www.galleriacontinua.com/index.html








Titre exergue début et fin


Le sens du calme


Le buisson d'épines est le vieil
obstacle sur ton chemin. Si tu veux
avancer, il doit prendre feu.

Franz Kafka


J'ai trouvé Jésus dans une poubelle.

Je suis réveillé, maintenant - nu et réveillé.

Yannick Haenel
Mercure de France

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L.A.Photographies, San Gimignano, octobre 2011
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Un sourire, trois fois rien




qui prouve un enfant et pourtant 

un enfant
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Rien si ce n'est que suinte comment rien 

et pourtant
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L.A.Photographie / Rien 
San Gimignano galleria continua octobre 2011
Samuel Beckett, 
Cap au pire


































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Une I mage






une bouchée
une autre de mes ressources

un jour
un pas
un temps

une barrière blanche
une tribune d'un rouge exquis

une courte laisse
un chien terrier couleur de cendre

un bonjour
une distance de quatre ou cinq milles


une longue montagne


un petit paquet blanchâtre en forme de brique
une gauche droite
un essieu bref
une ligne droite

c'est fait j'ai fait l'image
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Une part cachée, mystérieuse et secrète du langage





Mallarmé opposait le philosophe, soucieux de s'exprimer avec clarté afin de convaincre le plus grand nombre, au poète, adorateur du beau, dont la langue, jamais utilitaire, devait cultiver le mystère des mots.

En repoussant toujours la compréhension, la langue littéraire met les mots à distance des choses. Son opacité renvoie à une énigme qui n'est pas seulement celle de la langue, mais celle de l'homme, dont l'essence est occulte et insondable.

Nos certitudes, nos descriptions, ce que nous croyons connaître du langage, exprimer et communiquer, tout cela vaut pour les mots de la langue dans leur usage ordinaire - pas pour la poésie.





Y a-t-il d'autres moyens que la poésie pour accéder aux mystères du langage ? Pour apprendre ou mémoriser les mots d'une autre langue que la nôtre (une langue étrangère), il faut faire un effort, se procurer des dictionnaires ou des manuels.

Les philologues et les linguistes nous fournissent des éléments sur leur genèse passée, leur histoire oubliée. N'ayant pas d'accès direct à leur sens, nous percevons leur complexité. Ils sont issus d'autres idiomes plus anciens, un jour ils se sont greffés sur cette langue. La traduction, peut-être, conduit à rejoindre cette part obscure.






Dans l'obscurité de la poésie se révèle une part cachée,
mystérieuse et secrète du langage.

L.A.Photographies, novembre 2011
source texte , Marc Crépon, les promesses du langage
Idixa
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Ut pictura poesis



L.A.Photographie, novembre 2011
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