samedi, décembre 03, 2011










sortir du monde  ou  rentrer dans le monde 








Ces deux mouvements contraires, selon une alternative traditionnelle en Chine, ne sont plus contradictoires, et cette réconciliation de la vie spirituelle et de la vie sociale est d'autant plus importante, aux yeux des lettrés chinois, que ceux-ci resteront toujours marqués par le souci de l'engagement politique en même temps qu'hostiles à la coupure imposée par la condition monastique. La fadeur, comme idéal d'existence, permet à la fois de ne plus se perdre dans le siècle et de ne pas avoir à s'enfermer dans la solitude. S'abolit ainsi, dans la saveur du centre l'antithèse illusoire qui les rendait exclusifs..

Francois julien 

éloge de la fadeur à partir 
de la pensée et de l'esthétique de la Chine

L.A.Photographie, Albertville, décembre 2011















Ode philosophique à la fadeur

Fleur discrète dans le jardin du monde la fadeur ne se vante pas de sa couleur de sa forme ou de son parfum

Elle existe sans éclat, mais sa présence est profonde comme la racine qui soutient l’arbre invisible à nos yeux

Elle ne réclame ni admiration ni gloire et pourtant elle est le socle sur lequel reposent toutes les extravagances de la vie

Dans la fadeur il y a la sagesse du modeste la patience de l’ombre la force silencieuse de l’ordinaire

Elle ne hurle pas pour être remarquée mais elle s’infiltre doucement dans chaque moment dans chaque respiration dans chaque geste banal

Elle est le rythme tranquille qui laisse le tumulte passer sans se briser

La fadeur est le havre des âmes fatiguées 

Elle est la douceur d’un pain sans sel la clarté d’un ciel sans tempête l’ombre fraîche sous l’arbre au milieu de la chaleur du jour

Elle nous apprend à voir la beauté dans ce qui ne brille pas à écouter le murmure discret qui raconte l’essentiel à aimer ce qui ne s’exhibe pas.

O héroïne des vies simples ta force est invisible mais réelle

Tu es la constante l’éternelle compagne des moments ordinaires que le monde oublie de célébrer

Sans toi l’extravagance se perdrait dans le vide et l’éclat des passions serait solitaire 

Tu es la gardienne de l’équilibre la poésie silencieuse la mélodie douce qui apaise l’âme sans jamais se faire entendre

La fadeur, en silence, nous rappelle que l’existence n’a pas besoin de feux d’artifice pour être majestueuse

 Elle est majesté dans la retenue grandeur dans la discrétion lumière dans l’ombre




elle 

est 

la vérité tranquille 

qui persiste quand tout le reste 

s’efface




éclair de la fadeur

la fadeur ne crie pas 

elle soutient

elle ne brille pas
elle éclaire

invisible aux yeux pressés
elle est la constance de la vie



dans 
le silence 
de son ordinaire 
réside la grandeur 
que le tumulte ignore




la fadeur est le socle invisible sur lequel 

le monde s’appuie


dans l’ombre de l’ordinaire 

la fadeur cultive 

l’éternité














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