lundi, juillet 11, 2011

Un homme, avant de parler, doit voir. ( H.D.Thoreau, journal.)





Frédéric Gros, marcher une philosophie, carnet nord  p 89/90  :

Le langage, c'est un mode d'emploi, un cahier des charges. Dans le silence de la marche, quand on finit par perdre l'usage des mots - parce qu'on ne fait rien alors que marcher, et il faut là se méfier des guides de randonnée qui recodent, détaillent, informent, ponctuent la marche de dénominations et d'explications ( les reliefs, la forme des pierres et des pentes, le nom des plantes et leurs vertus ), laissant croire qu'il y a un nom pour tout ce qui se voit, une grammaire pour tout ce qui s'éprouve - dans ce silence, on écoute enfin ce qui n'a aucune vocation à être retraduit, recodé, reformaté. Les seuls mots alors qui restent au marcheur sont des mots de rien, des mots qu'il se surprend à dire ( " allons, allons, allons ", " c'est comme ça ", " eh bien oui ", " voilà, voilà " ), des mots comme des guirlandes qu'on accroche aux secondes, du banal, des mots pas même pour dire, mais pour ponctuer le silence d'une vibration supplémentaire, s'entendre résonner.




L.A. photographies, de Chamonix à Briançon ,
sous la Pierra Menta un peu avant le refuge de la Balme,
 juillet 2011
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