jeudi, novembre 18, 2010

H
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L.A. encre et photographie 2010
H comme Heidegger
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" C'est seulement dans le cercle plus vaste de ce qui est sauf, que peut apparaître le sacré. Parce qu'ils appréhendent la perdition en tant que telle, les poètes du genre de ces plus risquants sont en chemin vers la trace du sacré. Leur chant au-dessus de la terre sauve ; leur chant consacre l'intact de la sphère de l'être. " Il ajoute : " La détresse en tant que détresse nous montre la trace du salut. Le salut évoque le sacré. Le sacré relie le divin. Le divin approche le Dieu. Ceux qui risquent le plus appréhendent, dans l'absence de salut, l'être sans abri. Ils apportent aux mortels la trace des dieux enfuis dans l'opacité de la nuit du monde. "
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H comme Hölderlin
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En bleu adorable fleurit
Le toit de métal du clocher. Alentour
Plane un cri d'hirondelle, autour
S'étend le bleu le plus touchant. Le soleil
Au-dessus va très haut et colore la tôle,
Mais silencieuse, là-haut, dans le vent,
Crie la girouette.
Quand quelqu'un
Descend, au-dessous de la cloche, les marches, alors
Le silence est vie ; car
Lorsque le corps à tel point se détache,
Une figure sitôt ressort, de l'homme.
Les fenêtres d'où tintent les cloches sont
Comme des portes, par vertu de leur beauté. Oui,
Les portes étant encore de la nature, elles
Sont à l'image des arbres de la forêt. Mais la pureté
Est, elle, beauté aussi.
Du départ, au-dedans, naît un Esprit sévère.
Si simples sont les images, si saintes,
Que parfois on a peur, en vérité,
Elles, ici, de les décrire. Mais les Célestes,
Qui sont toujours bons, du tout, comme les riches,
Ont telle retenue, et la joie. L'homme
En cela peut les imiter.
Un homme, quand la vie n'est que fatigue, un homme
Peut-il regarder en haut, et dire : tel
Aussi je voudrais être ? Oui. Tant que dans son coeur
Dure la bienveillance, toujours pure,
L'homme peut avec le Divin se mesurer
Non sans bonheur. Dieu est-il inconnu ?
Est-il, comme le ciel, évident ? Je le croirais
Plutôt. Telle est la mesure de l'homme.
Riche en mérites, mais poétiquement toujours,
Sur terre habite l'homme. Mais l'ombre
De la nuit avec les étoiles n'est pas plus pure,
Si j'ose le dire que
L'homme, qu'il faut appeler une image de Dieu.
H
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L.A. encre et photographie, novembre 2010
H
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Toutes les monstruosités violent les gestes atroces
d'hortense. Sa solitude est la mécanique érotique, sa
lassitude, la dynamique amoureuse. Sous la surveillance
d'une enfance elle a été, à des époques nombreuses,
l'ardente hygiène des races . Sa porte est ouverte à la
misère. Là, la moralité des êtres actuels se décorpore
en sa passion ou en son action - Ô terrible frisson
des amours novices sur le sol sanglant et par l'hydro -
gène clarteux ! trouvez Hortense.
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Rimbaud
page d'écriture bleue
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L.A. encre et photographie novembre 2010

Rêve

Une très jeune femme est à la recherche d'elle même
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" Je suis devant une échelle dont je dois monter les degrés, mais je constate qu'elle est posée horizontalement, surélevée sur un bloc de ciment à chaque extrémité. Je la redresse et désire l'appuyer, mais il n' y a pas de mur ; je marche donc sur les barreaux. Entre chacun d'eux, sur le sol, un carré de soie rouge sur lequel est posée une statuette d'homme."


L.A. encre et photographies 2010

Avec un A et un B

Abba
le petit nom
Appa chinois
que Pascal balbutie
Père Père éperdument
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Abba
Abba
Abba
Abba
Abba
Abba
Abba
Abba
Abba
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clarté
la vérité vous rendra libre
la vérité est dans les LIVRES
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Le livre est magie
magie très noire blanche rouge bleue verte
magie de toutes les couleurs
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La merveille du Livre est quotidienne
mais notre civilisation évite de s'attarder à considérer la merveille
Merveilleux contre Mystère
Mystère contre Merveilleux
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Mystérieuse Merveille
à fleur de monde
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Harmoniques obligées
sueurs de sang et matières célestes mêlées
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La Poésie m'aime plus qu'elle : si je l'aime plus que moi
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Michel Houellebecq

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EXTENSION DU DOMAINE DE LA LUTTE
Roman
Maurice Nadeau
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Page 55
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J'ai si peu vécu
que j'ai tendance à m'imaginer
que je ne vais pas mourir ;

il paraît invraisemblable
qu'une vie humaine se réduise à si peu de chose ;

on s'imagine
malgré soi que quelque chose va,
tôt ou tard,
advenir.
Profonde erreur.




















Autour de lui,
les personnages luttent
pour un peu d'amour,
de plaisir sexuel ou d'argent.

Il est technicien en informatique ;
il n'a plus d'ambition.
Sa vie est une succession
de déceptions banales ;
les repères sociaux s'effritent.

Il va perdre son emploi,
il ne trouvera pas de femme.

L'enfance est finie :
au-dessus de lui,
il sent grandir l'aile sombre
de la dépression.

Un roman
d'apprentissage :
l'apprentissage du dégoût.















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Titre exergue début et fin

Michel Houellebecq
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EXTENSION DU DOMAINE DE LA LUTTE
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La nuit est avancée, le jour approche. Dépouillons-nous donc
des oeuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière.
Romains, XIII, 12
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Vendredi soir, j'étais invité à une soirée chez un collègue de travail. On était une bonne trentaine, rien que des cadres moyens âgés de vingt-cinq à quarante ans. A un moment donné il y a une connasse qui a commencé à se déshabiller.
(...)
Je suis désormais prisonnier en moi-même. Elle n'aura pas lieu, la fusion sublime ; le but de la vie est manqué. Il est deux heures de l'après-midi.
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Edition Maurice Nadeau 1994, autres citations de M.H.
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page 31
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Good times are coming I hear it everywhere I go Good times are coming
But they ' re sure coming slow.
Neil Young
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page 89
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" Ces enfants sont à moi, ces richesses sont à moi "
Ainsi parle l'insensé, et il est tourmenté. Vraiment, on ne s'appartient pas soi-même.
D'où les enfants ? D'où les richesses ?
Dhammapada, V.
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page 121
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Tout d'un coup, il m'est devenu indifférent de ne pas être moderne
Roland Barthes
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page 176
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Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il y a un chemin à parcourir
et il faut le parcourir, mais il n'y a pas de voyageur.
Des actes sont accomplis, mais il n' y a pas d'acteur.
Sattipathana-Sutta, XLII, 16
Ad. Reinhart
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Abstract painting 1960 66
oil on canvas 152,4 x 152,4 cm