mardi, octobre 05, 2010

La coupole est gigantesque
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Cependant elle produit un effet différent de celui des cathédrales gothiques qui, vues de près, " emportent ", " aspirent " et de loin se confondent avec l'atmosphère et se dissolvent dans la nature. " Imposante et étoffée ", elle apparaît au contraire comme une forme exacte et dynamique qui, de près, coordonne et rassemble les volumes, les forces et les points de vue tout en conservant de loin - grâce à l'opposition entre le blanc des nervures et le rouge des tuiles - sont caractère de repère et de figure parfaitement individualisée, définie et mesurable, qui établit un ordre et une hiérarchie proportionnelle entre les différents éléments en présence
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Tant que la coupole est visible, quelle que soit la distance, elle offre toujours la même physionomie précise définie par des lignes et des surfaces
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La forte impression produite par la limpidité de ses contours lorsqu'on la considère d'un point de vue éloigné est confirmée par l'existence dans la campagne florentine de plusieurs toponymes tels que Apparita ( " apparue "), ou Apparenza, allusion à la silhouette parfaitement définie de la coupole qui permet de reconnaître Florence de ces endroits
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L.A. photographie, depuis le Fort du Belvédère, septembre 2010
" Se dressant jusqu'au ciel ,
assez vaste pour couvrir de son ombre
tous les peuples toscans "
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La formule lapidaire de Léon Battista Alberti dans la dédicace à Brunelleschi du De pictura résume l'importance de la coupole dans la trame générale de Florence
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" se dressant jusqu'au ciel " exprime d'une part la tension de la ligne génératrice des nervures et de l'autre le fait que la coupole échappe à la domination de l'espace universel pour dicter son propre espace, en ramenant toute proportion et toute mesure à elle même. " Vaste " exprime les concepts fondamentaux de hauteur, d'étendue et de rotondité de la coupole " flottante ", tout en introduisant ( " assez vaste pour ") l'idée d'une relation avec la ville et ses environs
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L.A. photographie, Santa Maria del Fiore, septembre 2010
Détail d'un contrefort de la lanterne
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L.A. photographie, au sommet de la coupole de Brunelleschi,
Santa Maria del Fiore, septembre 2010
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La lanterne dessinée par Brunelleschi réaffirme le plan polygonal du monument. Elle se développe autour de
huit contreforts angulaires qui coïncident avec les arrêtes de la coupole et déchargent sur elles le poids de la lanterne. L'architecte meurt en avril 1446, probablement peu après la pose de la première pierre.
Il imagina deux coques séparées par un vide, dans lequel se love l'escalier qui conduit à la lanterne, offrant ainsi au visiteur l'occasion d'observer sa prouesse architecturale
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La croix dorée est posée le 30 mai 1471 : " et ce fut aux alentours de la vingtième heure, dans une grande liesse, et l'on chanta le Te Deum ". La boule, réalisée en 1471 d'après un dessin d'Andrea del Verrochio, avait un diamètre d'environ 4 brasses ( 2,35 m) et pesait 4368 livres. Elle était en laiton, coulée " en huit parties (...) soudées à l'argent ", dorée en surface et ancrée au cône de couronnement de la lanterne par une armature en cuivre qui traversait le bouton sous-jacent
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L.A. photographies septembre 2010

Au sommet de la Coupole
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L.A. photographies, détail des tuiles de la couverture,
Santa Maria del Fiore, septembre 2010.
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Première expression monumentale d'une synthèse consciente entre deux univers culturels, la Grèce et le monde gothique, la coupole représente en définitive une sorte de diaphragme sensible tendu entre l'extérieur et l'intérieur, limite entre deux entités spatiales. L'élan et la forme dynamique ( arc ogival et section ellipsoïdale ) se résolvent d'eux-mêmes en un équilibre contrôlé, dont l'effet est celui d'un dôme flottant suspendu au-dessus de la ville, résultat de l'équilibre entre toutes les forces.