lundi, septembre 06, 2010

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Nuit

Télégramme de la onzième heure




Que l'on arrête maintenant de se regarder dans les miroirs et que l'on commence à se regarder dans la nuit - La nuit est le miroir de tous - Il n'y a plus ce carreau entre nous et notre image - On peut tendre les bras et s'étreindre où l'on veut - La nuit nous sommes partout





Jean-Luc Parant
Les yeux, l'Envahissement des yeux



































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Tout comme il touche et fait naître l'invisible, il voit de ses yeux aveugles d'eux-mêmes : c'est que la disparition qui est au toucher se tient très proche du globe voyant ; l'oeil sommeille en avant des doigts comme en arrière des yeux. Et il faut penser et écrire les yeux comme pour s'écarter de la cavité qui fait de l'oeil un irréversible, comme pour nier la main touchante qui crée l'amnésie de la matière insaisissable, fait le poids de l'oeil, l'opacité du visible.



Et il pense les yeux comme il retourne le regard en lui-même, le renfonce dans le globe oculaire jusqu'à la transparence. Il propulse l'oeil hors de l'orbite et le voit voyant le monde : c'est qu'il traverse la matière impénétrable des yeux et tout l'espace est au visible ; il voit sans fin jusqu'à se voir. Et il écrit les yeux comme il subsiste le visible au toucher ; la main de la nuit se rétracte dans le bras jusqu'à disparaître : elle pense et il pousse alors en elle le visible pour que les signes soient amoncellement d'yeux : il fait doublement exister l'intouchable là où commence la nuit.

Et il ne fait jamais qu'appeler les yeux là où ils sont aveugles, prolonger le tout de la matière vivante pour se tenir au plus loin de la disparition
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Noémie Parant

José Corti

ici



























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Promenade
entre les Villes de dessous et de dessus
vers les Curtillets
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L.A. photographies, septembre 2010




CODA

Les petites bêtes sont molécules de conscience, syllabes muettes, se rongeant une fois les clés du feu passées entre nos mains. Les petites bêtes ( coquillages vides, sans muscle, sans moelle ) aiguisent becs et ongles sur une pierre surgie du vide. Elles avancent sur leurs jambes minuscules à poil dur, pour voir le monde d'en bas, laissant dans le sable des vertèbres vides comme des bornes, clous de mémoire, mines de savoir, alphabet fossile. Les petites bêtes sont molécules de conscience, mythologies sauvages d'une vie vulnérable de notre quotidien. Dans leur petitesse infinie et naïve, elles sont, près de nous, avec nous, sous nous, comme des garagistes encrassés dans une fosse obscure où ils scrutent nos entrailles blessées, pour prévenir notre perte
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Israël Eliraz
Petites bêtes
DANA
lecture dans un pré
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L.A. photographies,
entre les Villes dessous et dessus,
septembre 2010




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1/17


Erre-revie
Et maintenant
Antique ! Authentique !
Tel le lion
Au nom d'Annah
Alors
Shem
O tellus
Tous les soirs
Tels nous-ci sommes soucis
Ce ne peut pas ou ce peut-être le non-souci des autres
Trois quarts à la pie
Ecoute !
Le sémillant jaun
Doucement ; longuement, une plainte
Qu'était-ce ?
Sanctus ! Sanctus ! Sanctus !
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Luna sur le chemin de la scuola buissonnière
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L.A. photographie, les Saisies, août 2010

Herbes aquatiques
Étang Nuage & Soleil
Moment magnétique
Navigation aérienne
Énergie rayonnante & Genre précieux
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L.A. photographies, les Saisies, août 2010



Scirpe des bois
Scirpe maritime
Scirpe en jonc
Scirpe sétacé
Scirpe flottant
Scirpe comprimé
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SCIRPE
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La liste poétique se fait exploration du monde et exploration de la langue, double exploration symétrique qui semble avoir renoncé à tout projet de maîtrise. La liste expose le monde, fût-ce une liste de mots compliqués et techniques qui ne nous disent rien
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L.A. photographie, les Saisies, août 2010
avec Bernard Sève