dimanche, janvier 24, 2010

où Dieu repose

à Fernand et Andrée Dubuis

Par l'étroite vallée
dans l'étalement bref
le corps doré de Dieu,
paisible, inoubliable,
entre les peupliers
frappés par la lumière,
noirs élevés très haut
parmi les buissons maigres
sur les vergers dressés,
sous les frontons heureux de la neige,
clairière de son vrai corps
par la secrète montagne
.
18 mars 1962
Des nuages en masse

des nuages en masse gauchement cheminent
sur la plaine
où mille yeux tremblants forment au soir
un seuil immense bleu...
Après le fouet noir de l'orage pour aviver
la clarté crayeuse des orges,
la lente vallée s'illumine par la brume, une opale.
Et tu fourgonnes, toi, au grand ciel immobile
pour retrouver tes ombres,
dans les gouffres qui s'ouvrent par les nuages
.
Juillet 1965
°
André Frénaud
Geneviève Asse, Porte de l'Espace
L'amour qui meut le soleil et les autres étoiles.
L'amor che move il sole e l'altre stelle
.
Empyrée. Prière de Saint Bernard à la Vierge en faveur de Dante . Dante plonge les yeux dans l'Essence infinie : intuition de l'unité de l'univers en Dieu, de l'unité et de la trinité, du mystère de l'Incarnation. Aux limites de l'expression. Extase et fulguration.
°
Dante et Béatrice contemplant la rose céleste du 10 è ciel, l'Empyrée, illustration de Gustave Doré.
La divine comédie, le Paradis, traduction Jacqueline Risset

neige branchage & brindilles
quelques feuilles
sèches
.
L.A. photographie, les Saisies, janvier 2010

La marche à l'étoile, rien que cela. ( Martin Heidegger)
*
épitaphe sur sa pierre tombale du cimetière de Messkirch;
phrase qu'il avait consigné dans l' Expérience de la pensée.

Apprenez

par coeur une poésie , notez ce qu'elle vous évoque de prime abord puis laissez-la infuser en vous comme un sachet de thé dans sa théière, pendant quelques jours, en vous la récitant à des moments insolites, en vous mettant à l'écoute, en vous accordant à sa musique, puis de temps en temps notez à nouveau les pensées qui se sont attachées à cette poésie : que se passe-t-il ?
Andrew Wyeth
.
branch in the snow

Michael Kenna
.

Cet hiver-là

Il n'y eut ni froid ni loi
cet hiver-là

Les morts en pâture
au ciel furent jetés

bleus

Dans les vergers
le soleil
incrustait les branches
d'infimes pierres

dures

et de leur blancheur
appauvrie
les toits fuyaient

Or aux fourches
des chênes
de courtes lames
sonores
se pendaient à leur nid

Il n'y eut ni froid ni loi
cet hiver-là

cependant la mère
inlassablement
tricotait pour le soleil

une longue corde de chanvre

Mais le soleil
cet hiver-là

ne se pendit pas

°
Jean-Marie Berthier
La traversée des pierres
Rougerie