samedi, novembre 27, 2010

Images d'eau avec François Jullien
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Une image traverse la pensée de la Chine Ancienne - à la fois l'irrigue et la relie - celle de l'eau. Elle est, dit le Laozi ce qui se rapproche le plus de la " voie ", le tao.
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Au " tout s'écoule " héraclitéen ( ou " on ne peut entrer deux fois dans le même fleuve " , la tradition a fait dire le sentiment poignant de l'éphémère et la mouvance ininterrompue des choses, la fugacité et l'insubstantialité des existences : " que nous sommes et nous ne sommes pas " ;
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tandis qu'à l'exclamation tout aussi laconique de Confucius sur le bord de la rivière : " Passer ainsi, sans trêve, de jour comme de nuit ! ", la tradition a fait dire l'admiration devant cet écoulement continu, à l'instar du grand procès du monde, et dont la source est inépuisable.
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Sous l'apparence d'un lieu commun, d'un côté, l'image fait signe vers le non-être, et, de l'autre, vers le fond d'immanence. Parce qu'elle se renouvelle constamment d'elle-même et que, s'écoulant d'un amont invisible, son cours n'en finit pas de progresser, l'eau illustre l'efficacité. Ou plutôt - et l'image du flux permet d'en mieux saisir la différence - en quoi peut consister l'efficience.
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L.A. photographie,
le Doron de Beaufort, novembre 2010
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Le détour et l'accès

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