vendredi, novembre 05, 2010

CHANT PREMIER

Plût au ciel

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comme l'eau le sucre
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que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison ; car à moins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d'esprit égale au moins à sa défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont son âme comme l'eau le sucre.
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Yannick Haenel, François Meyronnis,
Prélude à la délivrance ( Infini / Gallimard page 67 )
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Alors, permettez une suggestion : emparez-vous de votre tête, et placez-la juste au bord d'une page des Chants de Maldoror, oui tout près, de manière que chaque phrase vous apparaisse grossie comme un troupeau de fourmis sous le microscope. Patientez quelques secondes : , n 'entendez-vous pas surgir lentement du volume des syllabes un ricanement vert, bleu, mauve ? Ses replis de satin ressemblent à du corail, rien n'est plus beau. Vous êtes en train de comprendre, un peu stupéfait, que ce ricanement est un chant. Un chant étrange, bien sûr, sauvage, qui ressemble aux mélodies que marmonnent les sacrificateurs védiques.
Bref, vous entendez que le rire de Maldoror est celui du sacré. UN SACRE NOIR - cette vrille ténébreuse qui brasille dans les flammes du sacrifice, et qui révèle à chaque instant le point criminel dans lequel le monde vient se cuire.
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Nouvelle Pléiade consacrée à Lautréamont
La révolution Lautréamont
Ph. Sollers

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