mercredi, août 11, 2010

Lettre de Dora :
" J'en reviens au fait de marcher dehors à côté de quelqu'un : tu peux faire une analyse morale et psychique exacte du quelqu'un en question rien qu'à sentir comment son corps réagit à distance au tien. S'il y a un infime désaccord harmonique, une résistance sourde presque imperceptible, la fausse note de la double allure, ton opinion est faite : il y a comme un défaut chez l'autre, plus qu'un défaut, la preuve d'un malentendu définitif qui sera révélé tôt ou tard. La marche en commun est par conséquent un instrument psychologique de base qui ne trompe jamais. Je te donnerai des noms si ça t'amuse. Dans mon cas, l'estimation d'un individu ou d'une individue s'enracine en ce point précis. D'où ma joie, le plus souvent, à marcher seule. "
Dans le Yi King, la marche figure à la dixième place, hexagramme Liu. Partie supérieure, le Ciel ; partie inférieure, le joyeux, le lac. " La marche " signifie d'abord la bonne façon de se conduire : le petit prend appui sur le grand, et si le faible se place, avec sérénité et sans arrogance, contre le fort, ce n'est pas dangereux. En revanche, si Touei se retrouve au-dessus de K'ien, on obtient Kouai, la percée, la résolution. Ici, précise le commentaire classique, nous avons une " sortie après une longue tension accumulée, comme la brèche qu'un fleuve fait à travers ses digues, ou comme un nuage qui crève. Sur le plan humain, c'est l'époque où les hommes vulgaires sont en voie de disparition. Leur influence décroît, la situation change, une action résolue amène la percée ".
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Philippe Sollers
Passion fixe, Folio 3566 , P . 158 / 159
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L.A. photographie TMB août 2010

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