lundi, avril 12, 2010

dans des eaux claires et vives
.
(...)
Une fièvre du calcul s'est emparée des hommes, elle a déjà bouleversée leur existence entière, leurs travaux et leurs jours, leurs loisirs et leur sommeil, leurs champs et leurs cités, leurs voyages et leurs commerces, leurs arts, leurs bonheurs, leurs savoirs, leurs maisons et leur corps. Percevons-nous encore le poids de ne vivre le plus souvent qu'en foule, de se considérer en foule, de se soumettre à des opérations de foule, à des engouements de foule, à des terreurs de foule, à des signaux, à des slogans, à des désirs, à des circulations, à des tanières de foule ? Il est tard. Et déjà la plupart acceptent, s'accoutument, s'emploient avec ferveur, et jugent même certains jours, estourbis sinon vantards dans les corridors de leurs abattoirs, que leur malheur est un privilège, n'ayant plus à l'esprit de s'éberluer ou de résister
.
Vincent Pélissier
.
La vie qui s'éloigne II

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire