samedi, janvier 09, 2010

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pour Fayçal
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" Je sais. "
" Tu sais. Tu sais et tu vois : ici la terre s'est plissée dans le haut, s'est plissée une fois et deux fois et trois fois, et s'est ouverte au milieu, et au milieu il y a de l'eau, et l'eau est verte, et le vert est blanc, et le blanc vient de plus haut encore, vient des glaciers, cela, on pourrait, oui, on ne doit pas, le dire, c'est la parole là d'une langue en usage ici, le vert avec le blanc dedans, une langue, pas pour toi et pas pour moi - car, je le demande, pour qui donc est-elle conçue, la terre, ce n'est pas pour toi, dis-je, qu'elle est conçue, et pas pour moi, - une langue, de toujours, sans Je et sans toi, rien que Lui, rien que ça, comprends-tu, Elle simplement, et c'est tout. "
" Je comprends, oui, je comprends. Je suis venu de loin, oui, je suis venu comme toi. "
" Je sais. "









 



Traduit par John E.Jackson et André Du Bouchet,
ce texte a paru pour la première fois dans
l'Ephémère, n°14, été 1970.
Dessins de Pierre Tal Coat.

L.A. photographies, les Saisies, janvier 2010



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