vendredi, janvier 29, 2010

" (...) nous comprenons que le fard mystique dont la nature tire toutes ses nuances est le grand principe de la lumière qui est à jamais blanche ou incolore par elle-même et qui, si elle se posait sans intermédiaire sur les choses, neutraliserait aussi bien la teinte des tulipes que celle de nos pourpoints. Si nous méditons, l'univers se déploie alors à nos yeux comme une lèpre, et comme le voyageur entêté qui refuse, en Laponie, de mettre des lunettes noires ou de couleur, le malheureux mécréant s'aveugle à contempler l'immensité drapée dans un suaire blanc. La baleine albinos est le symbole de toutes choses. Vous étonnerez-vous dès lors que lui soit livrée une chasse féroce ?
( H. Melville, Moby-Dick)


Si la lumière frappait directement la matière des choses, elle donnerait sa blancheur vide à tout. Le blanc est la couleur de l'univers en soi, débarrassé des couleurs illusoires. Il permet de voir la réalité en face. De là l'effroi qu'il peut provoquer, mais aussi l'attrait qu'il exerce
.
Cette quête incessante, obsédante de la blancheur, couleur utopique et menacée, qui est encore celle de notre société contemporaine, ne serait peut-être donc pas seulement l'aspiration à une blancheur perdue, mais également la recherche de la réalité sous le masque, de la blancheur de l'intérieur. Entre angoisse de ce moment vide, avant la révélation, mais aussi de cet espace libre de tous les possibles.
" le blanc, gouffre libre, infini, est devant nous."
.
( K.Malévitch, Essai sur l'art, le miroir suprématiste, 1977)
source Annie Mollard-Desfour, le Blanc, CNRS éditions
°
L.A. photographie, les Saisies, janvier 2010

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire