samedi, décembre 19, 2009

Correspondances


Les couleurs, les sons, les goûts, les parfums se répondent,
comme de longs échos qui de loin se confondent.
Voici mon échelle des couleurs,
dans une ténébreuse et profonde unité :
bleu, blanc, jaune, vert, violet, rouge, noir,
vaste comme la nuit et comme la clarté.
Le bleu est lavande et piano,
le blanc sel et tambour,
le jaune hautbois et miel,
le vert trompette et menthe,
le violet contrebasse et vin,
le rouge batterie et sang,
le noir clarinette et huîtres.
Les parfums les couleurs et les sons se répondent.
Le sel d'océan a la composition du sang.
La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
°
Avec Philippe Sollers, les voyageurs du temps, Gallimard P. 74
et Baudelaire, les fleurs du mal, correspondances.
L.A. photographies, jardin du Luxembourg, Paris, septembre 2009

Psaume Rothko












blanc 
bleuté bleu brun 
noir

ici 
maintenant 
ici

fenêtre


*
en vérité 
il est en ce lieu 
neige

*


L.A. photographie, Villard sur Doron, décembre 2009





.
midi de ma fenêtre
épaisseur & lumière
L.A. photographies,
Villard sur Doron, décembre 2009


posé silence

neige
encre & glace
où je fus
mêlé


L.A. encre & photographies, 2008


poème
illisible
pendu
L.A. poème & photographie, 2009


L.A. photographie,
les Saisies, décembre 2009
Arrêt
arrêt
L.A. photographie, les Saisies,
silence, décembre 2009

Henri Michaux
Jours de Silence
*
tandis que la mécréante pensée analysante
se force au profane
et s'y traîne,
Appel !

Appel qui s'élève
Secret muezzin
frisson soudain
à une brise intérieure qui se lève
John Cage
4'33''
interprète David Tudor
partition & disque




écoutez !
John Cage
Compositeur américain. Né à Los Angeles le 5 septembre 1912, mort à New York le 12 août 1992. Après des études brillantes, il s’initie à la technique musicale avec Richard Buhlig et Adolph Weiss, reçoit pour ses premières œuvres les conseils d’Henry Cowell et devient l’élève d’Arnold Schönberg, qui décèle en lui un « inventeur de génie ». Il n’hésitera pas pour autant à outrepasser l’enseignement (essentiellement harmonique et contrapuntique) de son maître. Celui-ci n’a-t-il pas, dans son Traité d’harmonie de 1911, prophétisé l’avènement d’une musique centrée sur le timbre, et non plus seulement sur la dimension des hauteurs ? Plus royaliste que le roi, Cage va s’engager dans la voie de l’exploration des sonorités pour elles-mêmes : dans le sillage de Varèse (Ionisation pour treize « batteurs » avait été créée en 1931), il se voue à la percussion, seul moyen de « libérer » les sons. Accompagnateur – à l’âge de 25 ans – à la classe de danse de la Cornish School à Seattle, il réclame, dans un manifeste célèbre, l’ouverture de studios de musique électronique à l’intention des compositeurs « il créera – avant Pierre Schaeffer – les premières pièces « électro-acoustiques » : Imaginary Landscape No 1 (1939) ; The City Wears a Slouch Hat (1941). Mais c’est l’invention du « piano préparé » – Bacchanale (1938) ; Seize sonates et quatre interludes pour piano préparé (1948) – qui le fera connaître du grand public : par l’introduction d’objets divers (écrous, boulons à transformer ce dernier en un véritable orchestre de percussions. Le caractère « orientalisant » des sonorités (« balinaises ») ainsi obtenues renvoie effectivement au souci profond d’universalisation qui anime le musicien : déjà nourri de philosophie indienne, Cage suit, de 1951 à 1953, les leçons du diasetz Zeitaro Suzuki à l’université de Columbia, et entreprend d’appliquer à la musique d’abord, et à toutes les sphères de ses activités ensuite, le principe d’interprétation sans obstruction propre à la logique du boudhisme kegon.
En zéniste accompli, il se défiera désormais des pulsions de son « ego », et s’en remettre aux tirages au sort des oracles du I-Ching pour se constituer une poétique de l’imprévisible faisant ouvertement appel au hasard. 1952 est l’année charnière de la Music of Changes pour piano et de la pièce silencieuse 4’33’’, que va suivre, avec l’invention du « happening » et de la « live electronic music » une pléiade d’œuvres révolutionnaires. Devenu mondialement célèbre, Cage continuera à défrayer la chronique, tant en organisant des « happening » monstres – les « Musicircuses » à partir de 1967, le « train musical » de Bologne en 1978, le Roaratorio d’après Finnegans Wake en 1979 – qu’en « ordinateurisant » des œuvres complexes comme HPSCHD (1969) ou les cinq œuvres de la série Europa (1984-1992).
Sa production, devenue fluviale (plus de 60 partitions de 1987 à 1992), a ouvert la voie à toutes les innovations de la fin du xxe siècle en matière musicale ; mais l’impact de l’« anarchisme » cagien a très largement débordé la musique : plus de quinze livres ont fait de Cage l’un des écrivains les plus en vue de l’Amérique d’aujourd’hui ; professeur de poésie à Havard, il s’est imposé comme le maître de la poésie « expérimentale » ; ses gravures ont fait le tour du monde ; il a fondé la Société de mycologie de New Yord. La liste n’est pas close … Daniel Charles
LDF
le livre des fuites
VLD
la vie dans les plis
.

L.A. photographie, les Saisies,
silence, décembre 2009