mercredi, novembre 04, 2009

Adieu sauvages ! adieu voyages !


Chance, vitale pour la vie, de se déprendre et qui consiste - adieu sauvages ! adieu voyages - pendant les brefs intervalles où notre espèce supporte d'interrompre son labeur de ruche, à saisir l'essence de ce qu'elle fut et continue d'être, en deçà de la pensée et au delà de la société : dans la contemplation d'un minéral plus beau que toutes nos oeuvres ; dans le parfum, plus savant que nos livres, respiré au creux d'un lis ; ou dans le clin d'oeil alourdi de patience, de sérénité et de pardon réciproque, qu'une entente involontaire permet parfois d'échanger avec un chat.

°
Claude Lévi-Strauss

fin de Tristes tropiques
Wang Wei dit :
un arbre s'appréhende par sa cime
.
L.A. photographie, Jura novembre 2009

Ego Eimi

En cet instant il est tout entier dans le jour
" Je ne fais rien de moi-même "
.
"JE SUIS "
est un autre
.
Je suis le Saint, en prière sur la terrasse
Je suis le piéton de la grand' route par les bois nains
...
Comprenez-vous coeurs fermés
?

Vivre

de la chair
du Ciel de la Terre
de l'éclair
de l'eau
toujours à la Terre donner
la plante de mes pieds
les larmes de mes yeux
l'urine de mon corps
en paix vouloir
dans la beauté
marcher
Dans ses Météoriques ( poésie seghers) Gérard Haller note :

Strasbourg, 2 octobre

Ces grands nuages blêmes

noueux / immobiles / immense écume immobile / vide, vide /
souffles pétrifiés, vides / blocs de larmes dérivant dans l'eau
vide du ciel

(Mon dieu oui c'était donc ça)
°
Jean-Luc Nancy dans la préface de ce livre :

Tes vers, tes lignes, comment les nommer ? Des mètres ? Sans aucun doute : des mesures de souffle de pensées. Souffles plus ou moins courts, tendus, retenus, exhalés, soufflés. Des phrases aussi : des énoncés, des prononcés. Mais encore et d'abord, des météores : des coupes et des enjambements de ciel, des fragments, des astéroïdes fichés dans leurs cratères noirs en pleine page.
L.A. photographie, Briey, octobre 2009

Woigot



promenade
affleurement de l'ailleurs
dans l'ici Woigot ruisseau de la vallée
entre Mance et Briey
lit de reflets
de plis et replis
de bulles et feuillage flottants
récit terrien
éternel
chuchotis maternel marche près de l'eau


L.A. photographies, le Woigot Mance, octobre 2009



.


sol

racines
sol irradié de racines

chute
chute entre les branches


avalanche
feuilles
jaunes
avalanche de feuilles jaunes

humer
rosée pluie neige
ruisseaux
ruisseaux de sève
branches
branches brisées
souches
souches terreuses
sol
épaisseur
mousse
sol épaisseur

bois
le centre des bois
odeur
essence
odeur des essences
fraîcheur
moisie des troncs creux
fenêtres
forge
fenêtre de chouette
forge de pic
branches encore
brindilles
écorces

arbre rêve
rêve d'arbre
silence

rivières
chemins



les rivières 
sont des chemins

qui marchent
et qui portent où l'on veut
aller


















.
On ne marche pas. On attend et on cherche un chemin
.
On attend, à la dérobée, le chemin introuvable faisant de nous des égarés
.
Joël Vernet
petit traité de la marche en saison des pluies
Fata Morgana
sur la hauteur Ouest
du ruisseau de l'anneau
au lieu-dit
le Haut-Chemin
entre St.Ail et Batilly
feuillage & croassements répétés
rauques
et allongés
kroa,kroa,kroa
voix sertie de noir
L.A. photographies, octobre 2009


La Voix marquée

L'ouvert précoce
où le chemin
bifurque
orée du jour captif encore
de sa mémoire
c'est là que naît
marquée
la voix,
vaisseau témoin
de l'air sans heure
et tutélaire
.

Jacques Depreux
La voix sur le chemin
Rougerie