Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
lundi, octobre 05, 2009
Rosier évêque
Ma fenêtre ouverte
mieux que dans un rêve
plus par intuition que par calcul
entre les roses
je pose un pas
je contemple le beau temps
les souffles souhaités
les vieux genévriersUNIVERS
ce qui se retourne de façon à faire Unplus par intuition que par calcul
l'espace est courbe
une petite pluieentre les roses
je pose un pas
semblable à l'odeur des feuilles de thé.
Seul vers le seul
Existe-t-il un moyen d'échapper aux malheurs du monde ?
Il n'y a qu'un seul moyen :
" fuir seul vers le seul " écrit Plotin
" marche seul dans l'infini ", dit Ying-an.
Ne jamais perdre de vue son propre soi, quelques soient les circonstances.
Cette voie est une voie dans la solitude , cette solitude pouvant très bien être trouvée dans la foule car il s'agit de la solitude de l'Un et non du fait de se tenir à l'écart dans le désert. Ce n'est pas une voie solitaire négative ; des centaines de personnes aiment échanger sur ce qui est pour eux un bien précieux, un bien essence-ciel.
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L.A. photographie, sur la Montagne de Lure, septembre 2009
Comment on devient ce que l'on est.
Durant ces dernières semaines, j'ai été inspiré de la manière la plus heureuse, grâce à un incomparable bien-être, unique dans toute mon existence, grâce également à un merveilleux automne et aux plus délicates rencontres faites à Turin. J'ai accompli ainsi entre le 15 octobre et le 4 novembre, une tâche extrêmement difficile - me raconter moi-même, mes livres, mes idées, et partiellement, pour autant que l'exigence s'en faisait sentir, raconter ma vie. Voilà, je crois, qui pourra être reçu et sans doute trop... Et tout serait ainsi en ordre (...) Ce nouveau livre s'intitule
:
Ecce homo
Comment on devient ce que l'on est
.
Avec mes plus amicales
salutations,
votre Nietzsche
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Lettre à son éditeur Constantin Georg Naumann
Turin le 6 novembre 1888
Folio 4791/322
L.A. photographie, sur une pierre de lavoir, Lange, septembre 2009
Par exemple un arbre, cet arbre
Je me concentre, je fais le vide en moi, je vise ses racines, je les devine et je les dessine, je m'enfonce avec elles dans une obscurité sans retour, je griffe, je creuse, je m'enterre, je trouve l'eau qu'il me faut, je remonte vers ma base, mon tronc, me voici, je perce, je respire, je me cylindre, je m'écorce, je boise, je branche, je feuille. Et puis l'espace, ah l'espace. Et puis le temps, ah le temps. Soleil, vent, pluie, gel, brouillard, brume, lune, soleil de nouveau, ombres, tiges,noeuds coudes, rameaux, oiseaux, nids, brindilles, grincements, murmures, levant et couchants. Ce n'est déjà plus un arbre, c'est une forêt. Il n'a plus de nom, mon arbre. Chêne, platane, marronnier, cèdre, pin, magnolia, peuplier, accacia, catalpa, palétuvier, figuier, arbousier, saule, cyprès, if, sapin, troène, ormeau, tilleul - il pousse un peu partout, je comprends grâce à lui les sols, les rochers, le gravier, les cailloux, le sable, les ruines, les ruissellements, les insectes. Et puis l'air, le bel air, l'incroyable chance de l'air, l'air libre, libre comme l'air, libre comme l'amour libre en plein air. Et puis bien entendu, les poumons, le nez. Et puis, dans la foulée, l'orage, la foudre, les fruits, les ailes, les chants, les cris, les chevaux, les vaches, les moutons, les chats, les chiens, les pieds, les mains.
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Ph. Sollers, une vie divine
Gallimard 2006, P.72