lundi, septembre 28, 2009

C'était marcher qu'il voulait

Les deux textes qui constituent le présent recueil sont consacrés à Hölderlin.
Le premier, un court récit, constitue une sorte de portrait du poète. Le second, un long poème narratif, évoque le retour du poète en Allemagne, sa longue marche de Bordeaux à Nürtingen.
Deux démarches, deux propos différents, où pourtant l'on retrouve - où donc commence la poésie, où finit-elle ? - l'écriture si particulière de Michèle Desbordes ainsi que certains des thèmes qui lui sont chers, la fin des choses, la hantise du temps, la lente répétition des jours, la solitude et le silence. L'inaccompli. Et puis ces personnages qui marchent à n'en plus finir.

Midi

midi sur la montagne
midi glisse lentement sur la Montagne Sainte-Geneviève
°
L.A. photographie,
église Saint-étienne-du-Mont, Paris septembre 2009

Titre, Exergue et Fin

Jan Karski
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Qui témoigne pour le témoin ?
PAUL CELAN
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Ma gorge s'est bloquée, mon coeur a cessé de battre. Les ténèbres rient, elles s'installent. C'est fini. Dans le noir, il y a eu un petit point, on aurait dit une tête d'allumette. Ce petit point s'approche. Il paraît que j'ai de la chance, et que cette chance est de celles qui désarment la mort. Le petit point s'est éclairci, déjà il flottait dans le noir comme un début de lueur. Les ténèbres ne pouvaient plus rien contre moi, j'ai recommencé à vivre
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YannickHaenel
Jan Karski, L'infini/Gallimard
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Varsovie, 1942. La pologne est dévastée par les nazis et les soviétiques. Jan Karski est un messager de la résistance polonaise auprès du gouvernement en exil à Londres. Il rencontre deux hommes qui le font entrer clandestinement dans le ghetto, afin qu'il dise aux Alliés ce qu'il a vu, et qu'il les prévienne que les juifs d'Europe sont en train d'être exterminés.

Jan Karski traverse l'Europe en guerre, alerte les Anglais, et rencontre le président Roosevelt en Amérique.
Trente-cinq ans plus tard, il raconte sa mission de l'époque dans Shoah, le grand film de Claude Lanzmann.
Mais pourquoi les Alliés ont-ils laissé faire l'extermination des juifs d'Europe ?
Ce livre, avec les moyens du documentaire, puis de la fiction, raconte la vie de cet aventurier qui fut aussi un juste.



Yannick Haenel sur les carnets d'Eucharis ici


















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Présence de Samuel Beckett






Je quitte le centre culturel 

irlandais














en début d'après-midi, remonte à pieds la rue des Irlandais, la rue de l'Estrapade, coupe la rue d'Ulm et arrive rue des Fossés-St-Jacques. J'entre au N° 1 chez les éditions L.Mauguin où j'aperçois ton sur ton avec les oeuvres de Jean Desmier, déclinaison pour une belle amoureuse ( monotypes et dessins), le superbe vélo N&B sans roue libre de Martin. Il se peut que j'entende Molloy dire :


chère bicyclette, je ne t'appelerai pas vélo...

Un peu plus tard en compagnie de Martin et de sa fille à califourchon sur la bicyclette, je traverse le Jardin du Luxembourg et remonte l'interminable Rue de Vaugirard où  vit  Samuel Beckett
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à mi-hauteur
je débraye et béant de candeur
expose la plaque aux lumières et aux ombres
puis repars fortifié
d'un négatif irrécusable



L.A. photographie, aux éditions L.Mauguin, Paris septembre 2009






































Rue des irlandais



L.A. photographies,
rue des irlandais, Paris septembre 2009

Ici






tout bouge, nage, fuit, 

revient, 

se défait, se refait. 













Tout cesse, sans cesse. 

On dirait l'insurrection des molécules, 

l'intérieur d'une pierre un millième de seconde 

avant qu'elle ne se désagrège.


C'est ça, 

la littérature.



Samuel Beckett,

le monde et le pantalon, 
les éditions de minuit, 
1999

L.A. photographie, centre culturel irlandais, 
Paris septembre 2009





































La force de la beauté


Je sens cet appel au coeur, bien plus fort que l'appel du désir ou de la mort (...) c'est la force de la beauté, toujours nouvelle, qui nous rend vraiment vivants. Il ne peut y avoir de pensée ni de science, qui ne plonge ainsi jusqu'aux profondeurs de la nuit. Alors les deux mondes étrangers sont unis l'un à l'autre, leurs images, leurs mythes, leur histoire se confondent - et l'homme est enfin unique, cohérent.
°
L.A. photographie, centre culturel irlandais, Paris septembre 2009
avec J.M.G.Le Clézio, l'inconnu sur la terre, Gallimard

Fenêtre éclairée



face à la source blanche qui l'enivre
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L.A. photographies, rue Lhomond, Paris septembre 2009

Une grande flamme sombre

silencieux
tranquille
lent
puissant
il fait son voyage vertical

une grande flamme sombre qui jaillit continuellement de la terre (J.M.G.L.C.)
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L.A. photographie, jardin du Luxembourg, Paris septembre 2009

Le jardin " vide "



Les marrons tombés
dans le Jardin aux grilles dorées
aux abords de midi
Tu les entends n'est-ce-pas
là où tu es
en lieu séparé
mais au même instant.
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L.A. photographie, jardin du Luxembourg, Paris septembre 2009
signe tendre à la philosOphélie !

Le palmier


L'arbre qui me remplit de contentement, qui me plaît et me fait sourire parfois comme une personne, celui à qui j'aime parler et qui sait me répondre : le palmier, haut, mince, aux larges feuilles qui se balancent à son sommet...
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Paris ville blanche ce matin : mer, soleil, ciel, jeunesse éternelle ! mais oui, jeunesse éternelle.
°
L.A. photographie, jardin du Luxembourg, Paris, septembre 2009
avec J.M.G. Le Clézio, l'inconnu sur la terre, Gallimard.
Signe amical à Eucharis !

Rue Visconti


Christo and Jeanne Claude
Wall of oil barrels, iron curtain, rue Visconti, Paris 1962
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L.A. photographie, Paris septembre 2009

Nature



Tous les spectacles de la nature sont des spectacles en échos, sans quoi les images ne seraient que des amusettes pour faire tomber les sots.
Pour les montagnes, c'est délicat. L'une ne vous " dit " rien. L'autre est excellente. Il faut n'aller que dans les montagnes qui vous massent dans le sens de vos muscles mentaux, paysages d'accompagnement.
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Henri Michaux, Passages ( 1937-1963), Gallimard
L.A. photographie, centre Pompidou, Paris septembre 2009