mercredi, septembre 16, 2009

Les hautes herbes

L.A. photographie, du soleil de tout un été,
sur la Montagne de Lure, septembre 2009
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Sans bruit !
Parfois seulement, au fond de l'herbe,
les bêtes soupiraient toute ensemble.
Les collines faisaient silence. L'homme donnait
une voix à la joie et à la tristesse du monde.
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Une nuit !

Les choses de la terre, mon vieux, j'ai tant vécu avec elles, j'ai tant fais ma vie dans l'espace qu'elles laissaient, j'ai tant eu d'amis arbres, le vent s'est tant frotté contre moi que, quand j'ai de la peine c'est a elles que je pense pour la consolation.
Je regardais donc mon pays dans moi, et c'était de la douleur ; mais dans l'orme, là, en face, ce fut le rossignol qui chanta, puis, tous les bassins ronflèrent sous les gosiers des rainettes, puis la chouette se mit à chouler et, alors, la lune sauta par-dessus la colline.
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Giono, Un de Baumugnes
Signe amical à Martin Ziegler

Grande plaine

L.A. photographie.
La forêt de Cruis et la Grande Plaine
un peu sous le Pas de la Croix vers 1500 m.
Le vent s'était mis à bouillir. C'était un vent tout jeune.

Les choses

avaient marché pendant ce temps. Le plateau, le vent, la nuit. Tout cela avait eu le temps de se préparer et c'était fin prêt. Il y avait dessous la porte une épaisse barre d'argent large de quatre travers de doigts. Et c'était la lumière de la lune. Il était venu un vent de nuit de forte haleine ; il galopait bride abattue à travers tout le plateau, il avait un long gémissement comme pour boire tout le ciel. La gineste craquait sous ses pieds, les genévriers écrasés criaient ; les figuiers griffaient les murs et leurs grandes souches grondaient dans la terre sous les pierres. Il y avait tous ces bruits, mais ce n'était pas ça qui les avait réveillés : c'était le bruit d'un pas et d'un claquement d'étoffe...
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Giono, Regain

Sur les crêtes de la Montagne de Lure


de l'est vers l'ouest, du Pas de Jean Richaud au Pas de la Croix.
L'air brûle comme une haleine de malade.
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L.A. photographie, septembre 2009