mercredi, août 26, 2009

le meilleur de la vie
lavé à l'eau-forte des pluies
et séché au soleil.
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L.A. mélèze au Col des Thures, août 2009

Vingt ans plus tard


je franchis de nouveau le Col des Thures ( 2194 m )
qui sépare la Vallée étroite de la Clarée
cette vastitude où repose le Lac Chavillon, léger dans la paix du soleil
.
à coeur ouvert
près de ces mélèzes
la répétition du même
marchant sans cesse marchant
sous le pas sous le pas
la terre tourne
montagnes et rivières ne sont jamais les mêmes
Dans le silence, avec Hölderlin, l'esprit alentour fleurit
les esprits des bienheureux
Je médite sur ma trace et
prête une haute destinée au lieu qui seul demeure
.
L.A. photographie, Mélèzes au Col des Thures
avec Hölderlin
L.A. photographies,
le pin de la grande tourbière des Saisies
août 2009



L'Arbre Sensible !

Solitaire, il étend ses branches comme des bras dans un air dont la fraîcheur est perceptible. Le mouvement semble venir, non pas du souffle du vent, mais d'une dynamique intérieure que Cézanne perçoit dans toutes choses
:
" J'en ai eu un grand frisson. Si je fais par le mystère de mes couleurs partager ce frisson aux autres, n'auront-ils pas un sens de l'universel plus obsédant peut-être, mais combien plus fécond et plus délicieux ?... Les arbres sensibles ? Qu'est-ce qu'il y a de commun entre un arbre et nous ? Entre un pin tel qu'il m'apparaît et un pin tel qu'il est en réalité ? Hein, si je peignais ça...Ne serait-ce pas la réalisation de cette partie de la nature qui tombant sous nos yeux nous donne le tableau ?... Les arbres sensibles !..." ( à Gasquet, autour de 1900 ).
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Pau Cézanne
le grand Pin ( détail), vers 1896
Huile sur toile , 84X92 cm, Musée De Arte, Säo Paulo

Paul Cézanne



Paul Cézanne habite au 7, rue des Feuillantines. Participe au " Salon des refusés " avec d'autres peintres refusés par le salon officiel : Edouard Manet, Pissaro, Johan Barthold Jong-King, James Abbot Mc Neill Whister, Henri Fantin-Latour. Peint des tableaux expressifs dans un cycle " jeté " et sauvage. A côté de Courbet et de Delacroix, il admire de plus en plus Manet, dont il reprendra plus tard le thème du " Déjeuner sur l'herbe " et celui " d'Olympia ".
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Photographies, Cézanne vers 1861
1863, sur un lavoir de la Haute-Ubaye, août 2009 , L.A.

Contre-poème : chant parfait de la contre-voie

Grimpé sur le prunier
Je me suis régalé de raisins
Et le jardinier m'a crié :
Pourquoi manges-tu mes noix ?
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Des prunes. Des raisins. Des noix. Et tout cela sur le même arbre ! Serait-ce un traité fantaisiste d'horticulture ? Pas du tout. Dans ces images déconcertantes on découvre un chemin secret et précis. Que mange-t-on dans la prune et qu'en délaisse-t-on ? On mange la pulpe et l'on rejette le noyau. Dans le raisin, par contre, on mange tout, pulpe et pépins. Mais dans la noix, c'est le contraire de la prune : on ne mange que le noyau et on rejette l'enveloppe. Ainsi aller de la prune à la noix, ce n'est pas folâtrer dans l'invraisemblable mais commencer par l'extérieur et l'apparence pour aboutir à l'intérieur et à l'essence. Chemin typique de toute initiation.
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Yunus utilise ici un langage
A nul autre pareil
Car entre initiés très souvent
L'idée voile son vrai visage

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Source, Jacques Lacarrière, la poussière du monde, Nil éditions
Yunus Emre