lundi, juillet 27, 2009

Sait-il marcher ?

Certains livres respirent :

l'air vif du grand dehors, les vents d'altitude,
le souffle glacé brûlant le marcheur,
l'air doux et parfumé des sentiers bordés de pins,
la lumière épaisse des montagnes...

Pour faire l'estimation d'un livre, d'un homme, ou d'une musique, notre premier réflexe est de nous demander : sait-il marcher ?
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Avec Nietzsche
Seul un esprit très rapide peut savourer la lenteur. ( Vivant Denon )

Le marcheur et le mélèze


élan inspiré
parce que marcher nous met à la verticale de l'axe de vie :
entraînés par le torrent qui jaillit juste en-dessous de nous
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L.A. photographie, Zermatt, juillet 2009
Avec Frédéric Gros

Nous allons devant nous


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Que je sois, Seigneur,
Petit caillou, grosse pierre ou poussière
Sur la route de Pandharpour,
Pour être foulé par les pieds des saints !
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Le psaume ne suppose pas un effort particulier de l'intelligence sur des contenus de sens : il doit surtout être prononcé, articulé, chanté, incarné. Il doit être actualisé dans le corps, et s'il est chanté à plusieurs, c'est dans le corps d'une communauté qu'il se rend sensible. En Inde, quand on se rend à pied à Pandharpour, on chante encore aujourd'hui les psaumes de Toukârâm, le petit boutiquier marathe illettré, né en 1698 dans la caste des Choudra, la plus basse ( " Je suis de vile caste dit Toukâ, je n'ai pas lu les livres " ), qui rencontra son dieu sur la colline, et se mit bientôt à composer des vers qu'ils répétait, et les disciples autour recopiaient, puisqu'il ne savait pas écrire. Et depuis les pèlerins hindous chantent, sur les chemins, les psaumes du poète qui ne savait pas lire
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Que je sois, Seigneur,
Petit caillou, grosse pierre ou poussière
Sur la route de Pandharpour,
Pour être foulé par les pieds des saints !
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L.A. photographies, sur le très beau chemin dallé de grosses pierres plates en équilibre, entre l'Augstbordpass et Jungu vers 2400 m au-dessus de St Niklaus, de Chamonix à Zermatt, juillet 2009. Source du texte, Frédéric Gros, Marcher une philosophie, éditions Carnetsnord.

Les bouquetins des Alpes

En action il est prodigieux et semble voler d'un rocher à l'autre ; d'une sûreté souveraine et doté de sabots antidérapants, il saute plus de 6 mètres en longueur et galope sur le plat à 70 kilomètres à l'heure. L'ongle de son sabot est constitué d'une corne très dure et l'épais coussinet de la plante, à la fois un antidérapant et un amortisseur, lui permet d'adhérer pleinement au rocher et de s'arrêter brusquement en plein élan. L'absence de cloison interdigitale lui autorise un écartement considérable des doigts et, partant, une certaine préhension, mais l'éloigne des névés. Comme il est sensible au toucher par ses sabots, il perçoit les moindres aspérités du sol et sait en tirer parti. Pour descendre les parois abruptes, il utilise également les ergots saillants près de ses talons, d'une consistance qui rappelle le caoutchouc. Autre marque d'adaptation au rocher : les sabots antérieurs sont beaucoup plus développés que les postérieurs.
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Source Bernard Fischesser, La vie de la montagne.
L.A. photographie, au dessus de St Niklaus de Chamonix à Zermatt, juillet 2009