lundi, avril 20, 2009

L.A. encre sur papier & photographie, 2005

Une musique du ciel



Cerisiers la nuit
une musique du ciel
qu'écoutent les hommes
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Yozakura ya
ten no ongaku
kikishi hito
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Issa, Haiku
traduit du japonais par Joan Titus-Carmel
Verdier
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L.A. photographie, village de Cochette,avril 2009

Sakura kana


Après un bain chaud
et prières à Bouddha -
fleurs de cerisier !
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Yu mo abite
hotoke o gande
sakura kana
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Issa, Haiku
traduit du japonais par Joan Titus-Carmel, Verdier
L.A. photographie, village de Cochette, avril 2009

Ce monde de rosée

Ce monde de rosée
est un monde de rosée
pourtant et pourtant
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Ce célèbre haiku d'Issa (1763-1827) dit à lui seul l'art empreint d'esprit Zen et l'existence semée d'épreuves du grand poète japonais. Avec Basho, Buson, Ryokan, Shiki et Kikaku, il est un des maîtres de cette forme poétique dont la visée, selon les mots d'Alan W. Watts, est de décliner " le merveilleux sentiment de vacuité d'où surgit l'évènement ".
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L.A. photographie, branche de poirier en fleur,
village de Cochette, avril 2009

Vie d' Issa 1763-1827

Kobayaschi Nobuyuki, appelé aussi Yataro, est né le 5 mai 1763 au village de Kashiwabara, dans le Shinano (l'actuelle préfecture de Nagano). Son père, Yagobei, et sa mère, Kuni, sont paysans. Quand celle-ci meurt, il n'a que trois ans ; c'est désormais sa grand-mère, Kanajo, qui l'élèvera . Dés l'âge de six ans, Shimpo l'aubergiste l'initie à la poésie et aux textes bouddhiques. Mais bientôt il abandonne l'étude pour travailler nuit et jour à la ferme familiale sous le férule de la seconde épouse de son père. Après la mort de sa grand-mère, en 1777, il part à Edo où il connaît le froid et la faim. Il se consacre au haiku et s'associe à l'école de Katsu Shika ( un disciple de Basho), dirigée par Nirokuan Chikua à qui il succède en 1790, avant d'être évincé pour la liberté qu'il prend avec les règles qui régissent cet art.

En 1791, Issa - plus précisément : " le moine Issa du temple hakai ", c'est le nom qu'il se donne -, vêtu d'une simple robe et le crâne rasé, entreprend alors un pèlerinage de sept ans qui le mènera jusqu'à l'île de Shikoku. De retour à Kashiwabara, il sera au chevet de son père pour entendre ses dernières volontés : Issa doit reprendre sa place dans la maison et fonder une famille. Mais sa belle-mère et son demi-frère s'y opposent et contestent son droit à l'héritage. Il repart à Edo, publie Chichi no shuen nikki ( le journal de la mort de mon père) et reprend sa vie d'errance jalonnée de rencontres avec les rares personnes qui reconnaissent son talent et partagent avec lui l'amour de la poésie. Cependant sa renommée a grandi lorsque, à lâge de cinquante ans, Issa peut enfin vivre chez lui.

Il épouse Kiku, une femme alerte et gaie. Or il devra, au cours des dix années qui vont suivre, voir mourir sa femme et les quatre enfants qu'elle avait mis au monde. Oraga haru ( Mon printemps, 1811) est achevé. Après un remariage malheureux et de courte durée avec la fille d'un samurai en 1824, il est victime d'une deuxième attaque qui le paralyse ( la première avait suivi la mort d'un de ses fils). Il ne sait pas, lorsque Yao - une jeune nourrice, fille de paysans - devient sa femme, qu'il lui reste peu de temps à vivre et que les épreuves ne lui laisseront aucun répit : un incendie détruit sa maison. Réfugié dans les dépendances, il subit un nouvel assaut de la maladie et meurt le 19 novembre 1827. Il ne verra jamais Yata, sa fille, née au printemps.


Issa est enterré sur le mont Komaru auprès des siens. Sur sa stèle de pierre, on peut lire :
,
Alors c'est donc ça
ma demeure pour la vie ?
cinq pieds de neige
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VERDIER
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L.A. photographies, fleurs de cerisier,
village de Cochette avril 2009




Cerisier en fleurs



Ce monde imparfait
mais pourtant recouvert de
cerisiers en fleurs
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komo yô na
masse o sakura
darake kana
.
ISSA
Haiku
traduit du japonais par Joan Titus-Carmel
Verdier
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L.A. photographie, village de Cochette, avril 2009

Le poirier en fleurs

docteur subtil pour temps difficile !
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L.A. photographie, village de Cochette, avril 2009

Toutes couleurs, déclaration d'amour.


La tulipe à la rose : " Tu es belle, je suis jolie ! "
La rose à la tulipe : " Tu es jolie, et tu es belle aussi ! "
Le verre de vin : " Tulipe et rose, on vous réconcilie ! "
Khayam : " Vin, tulipe, rose, regardez ma jolie ! "
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Ne sois pas seulement belle ! sois tulipe !
C'est ce que cette nuit, pris de vin, je disais à une jolie.
La jolie en langage de jolie me dit : " Il n'y a pas de jalousie
" Entre rose et tulipe ! je suis belle et puis aussi jolie ! "
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Omar Khayam
Rubayat
L.A. photographie, Tulipes, village de Cochette, avril 2009