samedi, mars 14, 2009

un jour de plus augmenté d'un jour


comme elles sont venues, les eaux.
Sauges de l'orage.
... eau
à la surface des eaux retrouvant son front.
A travers les débris bleus épars des vêtements du voisin foudroyé qu'on emporte après l'avoir rhabillé, transparaît la terre froide qui contient la foudre.
Face terreuse du soleil.
Je reste sur le jour comme un corps après soi.

Exfoliation

détacher par feuilles, par lamelles
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L.A. photographie, écorce de Bouleau , les Saisies, mars 2009

Le charme

jeune fille cheveux noirs
elle dit :
" Je suis venue entendre "
l'esprit de la montagne
ce teint là

le soir et le matin avec charme paraissent
le ciel et ses colliers de corbeaux
sous le pas sous le pas la terre tourne

elle regarde au levant le soleil et la lune
la patience est au-dessus de l'or
le bleu du ciel couvre d'éclat les jours
la terre splendide n'est pas cachée aux hommes !
°
j'entends la nuit la couleur de tes yeux le jour en avant de tes doigts
je pense les yeux jusqu'à la transparence et fait naître l'invisible

un violent vertige


La richesse de l'être s'abrite dans le néant essentiel
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L.A. photographie, avec Martin Heidegger, les Saisies, mars 2009

entendre est d'abord un événement


une vibration événementielle survolant à une vitesse infinie les terrasses cendrées du temps.
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Nos entretiens avec Sollers, depuis huit ans, portent sur ce qu'il appelle l' "ouverture de l'existence poétique ". Cette dimension s'éprouve dans la solitude par une écoute intense. Hors des coordonnées de la reconnaissance, hors de toute comptabilité, elle se déploie en tramant les expériences du passé et, en même temps indique des libertés futures.
°
Yannick Haenel; François Meyronnis

Avec Kafka et Heidegger

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Permettez-moi de reprendre Kafka 


Il n'est pas nécessaire que tu sortes de ta maison. Reste à ta table et écoute. N'écoute même pas, attends seulement. N'attends même pas, sois absolument silencieux et seul. Le monde viendra s'offrir à toi pour que tu le démasques, il ne peut faire autrement, extasié, il se tordra devant toi. 

Voyez, il suffit de se concentrer, seul, dans une chambre, pour que le diable vienne se tordre sous votre table. Il suffit d'un certain entraînement pour convoquer l'enfer et le faire mourir à ses pieds. Il ne demande que ça. Mais qu'une solitude ait lieu, entre nous, ça n'arrive pas souvent.


Il y a beaucoup de façons de déserter sa chambre, de reculer devant la confrontation avec ce régime du spirituel auquel il est si rare d'accéder. Pourtant, un rien suffirait. Un minimum d'attention. " En effet, demande Heidegger, que serait un dieu sans l'homme ? La forme absolue - dit-il - de l'ennui absolu. " Toujours Heidegger : " Et que serait un homme sans le dieu ? La pure démence sous la figure de l'insouciance, l'homme doit être afin que le dieu "existe". "



source, Philippe Sollers, Poker