mardi, février 10, 2009

D'une variété extrême sont les montagnes

L.A. photographie, Mirantin face nord, Fév.2009.
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puissant massif, immense et imposant
haut pic, efflanqué mais altier
chaîne sinueuse, aux crêtes effilées
moutonnements de monts, humblement étalés
pics acérés, aux pointes culminantes
sublimes éminences, infinies et innombrables
refuges secrets, en forme de sanctuaires
gouffres béants, à chacun des flancs
anfractuosités noueuses, avec arêtes dressées
croupes en marmites, galbées à leur sommet
falaises escarpées, qui cassent les versants
aiguilles vertigineuses, avec abrupts sans fond
cime suprême, comme une efflorescence
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Wang Lü
source François Cheng
souffle-esprit
textes théoriques chinois sur l'art pictural
points essais

Le voyageur solitaire

Le voyageur solitaire
Chu Ta, Métropolitan Museum, New York.
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Le paysage a disparu. Que sont les deux ombres pâles, dressées à l'arrière plan ? Arbres et rochers fantômes ? Et cette traînée de lavis incertain ? Lit d'une rivière évanouie ? Insoucieux de ces bizarerries, le peintre-voyageur et sa monture, dessinés d'un trait ferme, vont leur bonhomme de chemin. Le seul paysage qui compte n'est-il pas ce paysage intérieur, intransmissible au regard positif, que chacun de nous porte en lui ? Chu Ta ne prend pas la peine d'en dire plus, déjà perdu dans son rêve. Seule la brave bête qui lui a offert son échine et sa muette compagnie ( " Âne " : autre sobriquet affectionné par l'artiste ) tourne sa tête vers nous, comme pour nous inviter au voyage : nous convier à entrer, à notre tour, dans l'espace rêvé...
François Cheng
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Un signe amical a Raymond Alcovere et un Grand beau temps...
Vous ne pouvez avancer que si vous ignorez où vous allez. Tout en le sachant avec une absolue certitude, bien sûr. Ph. S.

Le montagnard aux huit orients


Chu Ta ( 1626-1705), qui fut l'un des maîtres du célèbre Shitao, occupe dans l'histoire de la peinture chinoise une place unique. A la fois dépositaire d'une tradition millénaire, parvenue à son degré de plus haut accomplissement, et explorateur d'une modernité qui s'engage avec une superbe imprudence dans les voies nouvelles, il hante la lisière de deux mondes. Au fil d'une vie longue et tourmentée, où le geste de peindre se révéla pour lui une voie de salut, il sut à ce point épurer son art - un art fondé sur la maîtrise des traits essentiels - qu'il rejoignit spontanément, et par les chemins les moins conformistes, la plus haute intuition des anciens : pour qui le trait était l'homme même ; et tracer le trait, en soi manière authentique d'être.