lundi, janvier 19, 2009

Dansant


" Nous ne sommes pas de ceux qui n'arrivent à former des pensées qu'au milieu des livres - notre habitude à nous est de penser en plein-air, marchant, sautant, grimpant, dansant..."
Nietzsche
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L.A. encre sur papier & photographie

L' homme qui fait le temps

Toi-même tu fais le temps ; tes sens en sont
l'horloge ;
Si tu arrête l'inquiétude il n'y a plus de temps.
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Angelus Silesius
le voyageur chérubinique
189. Livre 1

L'athéisme est réservé à très peu d'individus,

M.N. , plus tard en convient : l'athéisme est réservé à très peu d'individus, tellement peu nombreux ( puisqu'il faut qu'il sachent d'abord de quoi " Dieu " a été fait ) qu'on peut même se demander s'ils existent. L'athéisme doit être une conviction personnelle et ésotérique, profondément occulte, sans qu'aucun clergé, intellectuel ou autre, puisse en décider. C'est la liberté. Un athée conséquent doit, bien entendu, être incollable sur les questions théologiques les plus difficiles, sinon c'est un esprit faible, servile, grégaire. Le positif qui ne connaît pas son négatif veut inconsciemment, son humiliation, sa disparition, sa défaite. Le Dieu mort vit très bien de l'ignorance à son sujet, il s'en repaît, il revit à chaque instant sous le nom de société.
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Philippe Sollers
Une vie divine
Folio

La passion Lippi


Filippo Lippi, Madone
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" Les esprits rares sont des formes célestes et non de stupides cochers ". Cette affirmation, qui a trait à l'"esprit" de Filippo Lippi, fut au XVI siècle attribuée par Giorgio Vasari à Cosme l'ancien de Médicis (1389-1464), mécène qui plaçait sa confiance dans frère Filippo et commissionna nombre de ses oeuvres. C'est là une formule qui exprime en termes simples une évidente tendance néo-platonicienne : la reconnaissance du caractère de l'artiste, du sens le plus élevé de son oeuvre, considéré comme le miroir de la vie céleste, aussi inestimable qu'un don de Dieu. Peu importait donc à Cosme que frère Filippo fût un artiste excentrique, à la conduite irrégulière et qui ne manifestait aucun respect envers l'habit religieux qu'il portait depuis son plus jeune âge. Il semble même que Cosme, le premier grand mécène de la dynastie des Médicis, aurait déclaré que " chaque peintre se peint soi-même " ( c'est Politien qui le rapporte dans son journal ). C'est ainsi qu'aurait pu être accepté notre peintre bien que, comme nous en informent les documents, il eût été doté d'un caractère réservé et difficile, impulsif et passionné, peu enclin à respecter les règles et accords passés. ( voir les protagonistes de l'Art Italien du Gothique à la Renaissance, Scala)
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Autoportrait, chapelle Brancaci
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La passion Lippi. Florence 1414. Un enfant hirsute, aux pieds couverts de corne, griffonne furieusement une fresque remarquable à même le sol d'une ruelle des bas-fonds de la ville. Miraculeusement repéré par Cosme de Médicis et placé au couvent des Carmes, il va faire souffler un vent de passion sur la peinture de la Renaissance. Moine libertin, artiste intransigeant et manipulateur sans scrupules, futur maître de Botticelli, ses sublimes madones bouleversent son époque. Elles lui sont pourtant très intimement inspirées par les filles des maisons de plaisir de Florence qui en ont fait leur petit prince caché. Bravant tous les interdits et jusqu'à l'autorité suprême du pape, il commet par amour l'ultime provocation. Le scandale le pousse à l'exil et le renvoie au secret sanglant enfoui au coeur de son enfance. Fra Filippo Lippi invente un rapport nouveau entre l'art et le monde de l'argent et, le premier, fait passer les peintres du statut d'artisans estimés à celui d'artistes reconnus.
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Sophie Chauveau
La passion Lippi
Folio 4354