mercredi, janvier 07, 2009

Je peins comme j'écris


Henri Michaux, Gouache
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pour trouver, pour me retrouver , pour trouver mon propre bien que je possédais sans le savoir. Pour en avoir la surprise et en même temps le plaisir de le reconnaître. Pour faire ou voir apparaître un certain vague, une certaine aura où d'autres veulent ou voient du plein.
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Pour rendre l'impression de "présence" partout, pour montrer ( et d'abord à moi) les emmêlements, les mouvements désordonnés, l'animation extrême des " je ne sais quoi " qui remuent dans mes lointains et cherchent à prendre pied sur le rivage.
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Pour rendre, non les êtres, même fictifs, non leurs formes même insolites, mais leurs lignes de force, leurs élans.
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Pour être le buvard des innombrables passages qui en moi ( et je ne dois pas être le seul) ne cessent d'affluer.
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Pour les arrêter un instant et plus qu'un instant. Pour montrer aussi les rythmes de la vie et, si possible, les vibrations mêmes de l'esprit.
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Henri Michaux
extrait de Moments of vision, Rome, Rome-New-York Fondation, 1959.

Sagesse du vide

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Henri Michaux a incontestablement marqué de la singularité de son expression la poésie du XXè siècle. Par sa volonté d'approcher le plus intimement possible le langage de l'être, par ses expériences multiples sur les drogues hallucinogènes - ou plutôt "spiritualisantes" selon le terme de François Trottet -, il a ouvert une voie originale vers le dépassement du domaine intellectuel, le franchissement du monde des apparences, la découverte du fondement des choses et de nous-même. Autant de thèmes qui, comme le montre l'auteur, rapproche la voie occidentale suivie par Henri Michaux des voies spirituelles de l'Orient : bouddhidme, hindouisme, et surtout taoïsme. La "quête-aventure " du poète est elle aussi un chemin vers l'Eveil et la connaissance, qui passe non par une ascèse minutieuse et quotidienne mais par de multiples expériences personnelles, par mille péripéties et mille rebondissements.