jeudi, décembre 31, 2009

ma belle ornière blanche
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Je suis toujours avec toi
pour la première fois
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L.A. photographie, les Saisies, autour du Chard du Beurre, décembre 2009

Avec Elles

Souvenir du soleil
Margarita Xanthakou
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La contrée
De mon repaire
Lettres perdues
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X
Sur ce bout de papier froissé le dessin de deux mains : l'une vise le coeur l'autre la tête. Je n'ai rien d'autre à vous donner
Y
Je suis toujours en quête d'un caillou vert comme la mer d'un rêve vrai comme la mer
Z
Sur la fenêtre, une ligne verticale étreint le bruit d'un été amnésique


Avec Elles
L.A. photographies, les Saisies, décembre 2009
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Souvenir du soleil, Margarita Xanthakou, éditions L. Mauguin
je
saisi par le jour blanc
neige
mêlée
au souffle
.




dans cet état de parfait équilibre, il n'y a plus rien qui soit
séparé de lui. Ce qui est, c'est cela
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L.A. photographies, pour Christine, les Saisies, décembre 2009

Le glacier des bois, John Ruskin
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Dans ce dessin, Ruskin saisit de plus près
qu'aucun autre artiste que j'aie vu, l'expérience de se trouver sur
un glacier. Il conjugue brillamment son paradoxe
de repos et de force spectaculaire
°
Robert Macfarlane
Mes moments de bonheur les plus intenses, c'est au milieu des montagnes que je les ai goûtés(...)
quand je regarde en arrière, les seuls jours de ma vie dont je puisse considérer qu'ils ont été entièrement passés de façon sage et juste l'ont été là où je voyais le Mont-Blanc, le Mont-Rose ou la Jungfrau.
John Ruskin
°
Mon admiration pour Ruskin donnait une telle importance aux choses qu'il m'avait fait aimer, qu'elles me semblaient chargées d'une valeur plus grande même que celle de la vie.
Marcel Proust
pluie
pluie
pluie
très peu de clients pour mes promenades !
ouvrons :
Santoka
un puissant désir de vivre
:
j'ai du riz
j'ai des livres
j'ai même du tabac
.
Discours parfait
amen
.
dans mon bol
en métal
de la grêle
.
dans mon bol en métal
tombe
une feuille morte
.
.
chaleur d'automne
mon bol en métal
est rempli de riz



Julie, céramic Mel Robson
avec Santoka
.

Heidegger en passant

Sans la manifestation originelle 
du néant il n'y aurait ni être personnel ni liberté 

 L'être voile et se dévoile. 

L'apparence dissimule et brille

Le néant ferme 



Ph.Sollers
:

La question du néant 
est donc aussi celle de la liberté

Quel serait l'accent et la tournure 
d'un discours qui, 

quel qu'il soit,

laisserait entendre le dévoilement,

le voilement, 

la dissimulation, 

la brillance et la fermeture ?
...
La fermeture du néant n'est pas un enferment
.
Fermé n'est pas enfermé, 

c'est même le contraire, 

c'est en fermant qu'on s'échappe
.


Rimbaud

J'ai eu raison dans tous mes dédains : 
puisque je m'évade ! 




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Lao-Tseu
:
l'être et le néant s'engendrent l'un l'autre.
Le facile et le difficile se parfont.
Le long et le court se forment l'un par l'autre.
Le haut et le bas se touchent.
La voix et le son s'harmonisent.
L'avant et l'après se suivent
.





Heidegger a toujours présenté 
son travail philosophique comme la préparation 

d'un dialogue de fond entre l'Europe et l'Asie.


°

Source des notes, Ph.Sollers, éloge de l'infini, P.1042-1043, Gallimard
Lao-Tseu, philosophes Taoïstes, pléiade I . P. 4









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mercredi, décembre 30, 2009

Mel Robson

Ceramic artist, Australia
Le Nant-Rouge
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avec aile & elle
eau neige glace
quelques branches
blanc blanc blanc
pluie
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L.A. photographie, les Saisies, décembre 2009
mais où mon froid ?




route
terrain noir
averse de pluie
forte
.
L.A. photographie, route départementale 123
décembre 2009

comme limite pluie neige
.

L.A. photographies,
Villard S/Doron, décembre 2009



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E.E.Cummings














je Te remercie Dieu pour surtout ce stupéfiant
jour : pour la fougue vertement bondissante des arbres
et un vrai bleu rêve de ciel ; et pour tout
ce qui est naturel qui est infini qui est oui

(je qui suis mort est vivant de nouveau aujourd'hui,
et c'est l'anniversaire du soleil ; c'est l'anni
versaire de la vie et de l'amour et des ailes : et du gai
grand évènement sans limite de la terre)

comment à goûter toucher entendre voir
respirer un-élevé du non
du tout néant-simplement être humain
Te douterait-il inimaginable ?

(maintenant les oreilles de mes oreilles s'éveillent et
maintenant les yeux de mes yeux sont ouverts)



E.E.Cummings
poèmes choisis, José Corti. P.205
traduit par Robert Davreu


























.
.














Si la poésie de Cummings a pu paraître en son temps d'avant-garde, elle ne résiste au temps que parce qu'elle est fermement ancrée, sans nul traditionalisme, dans cette tradition qui remonte à la plus haute antiquité, celle d'Orphée, éveillant tous les sens et animant toute la création par la vertu de son chant.

Je me suis donc, après d'autres, confronté à l'intraduisible - y compris sans doute en anglo-américain - du poème-et-de-la-langue Cummings ; entreprise dont tous s'accordent à juger qu'elle est folle (et désespérée), mais précisément en ceci qu'elle pousse à l'extrême le paradoxe de l'essence même de la traduction, qui est que seul ce qui ne peut-être traduit mérite finalement de l'être. Tout autre tentative de justification serait inutile, pour ne pas dire indécente
.


Robert Davreu


mardi, décembre 29, 2009

Brume


Bruine & Brouillard
Pluie Pluie
Averse de pluie & Averse de pluie
Brouillard s'épaississant
Nuages
bas moyens élevés
Temps
passé
Nuages
.

L.A. photographies, Villard S/Doron,
décembre 2009



neige & pluie
l'éphémère
,

épaisseur

L.A. photographie, les Saisies, décembre 2009
...à ce pin arbre des lointains
au vent nuage ô vide
source dans le ciel
.
L.A. photographie, le pin de la Tourbière des Saisies
décembre 2009

la main frugale
Epelle l'amour sur les doigts
Lorsque les doigts sont mutilés
Si fervente serait ta joie
Et tant fertile ta journée !
1926
L.A. photographie, avec C. le pin de la Tourbière et René Char
décembre 2009
De moment en moment
.

Pourquoi ce chemin plutôt que cet autre ? Où mène-t-il pour nous solliciter si fort ? Quels arbres et quels amis sont vivants derrière l'horizon de ces pierres, dans le lointain miracle de la chaleur ? Nous sommes venus jusqu'ici car là où nous étions ce n'était plus possible. On nous tourmentait et on allait nous asservir. Le monde, de nos jours, est hostile aux transparents. Une fois de plus, il a fallu partir... Et ce chemin, qui ressemblait à un long squelette, nous a conduits à un pays qui n'avait que son souffle pour escalader l'avenir. Comment montrer, sans les trahir, les choses simples dessinées entre le crépuscule et le ciel ? Par la vertu de la vie obstinée, dans la boucle du Temps artiste, entre la mort et la beauté. (R.Char, 1949)

L.A. photographies, la grande Tourbière des Saisies,
décembre 2009, avec René Char, Le Bâton de rosier
O.C. / P.803


EXCEPTÉ
à l'altitude
PEUT-ÊTRE
aussi loin qu'un endroit
°




L.A. photographies, les bouleaux dans la grande Tourbière des Saisies
décembre 2009, avec Un coup de dés, S.Mallarmé

neige branches & Nant-Rouge
Portraits
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L.A. photographies, les Saisies, décembre 2009




neige branches & Nant-Rouge
Paysages
.


L.A. photographies, les Saisies, décembre 2009




Pour qu'une forêt...

Pour qu'une forêt soit superbe
Il lui faut l'âge et l'infini.
Ne mourez pas trop vite, amis
Du casse-croûte sous la grêle.
Sapins qui couchez dans nos lits,
Éternisez nos pas sur l'herbe
.
Alsace, 1939
René Char
O.C. /P. 812













Le genévrier (juniperus). Dans les landes arides, sur les coteaux calcaires et ensoleillés du Midi, mais aussi dans les bois et jusqu'en haute montagne, il résiste à tout, à la sécheresse, au froid comme au bétail que ses aiguilles dissuadent d'approcher. Le genévrier n'est le plus souvent qu'un buisson touffu, qui s'étale et ne dépasse pas 4-5 cm de haut, mais, lorsqu'elle se trouve en milieu propice, l'espèce peut former un petit arbre, plus ou moins cylindrique, d'une dizaine de mètres de haut. Les fruits qui mettent deux ans à mûrir deviennent alors bleu-noir et se couvrent d'une pruine cireuse, ce sont les " baies de geniève", en vérité des " galbules ", c'est-à-dire de petits cônes aux écailles charnues.
°
L.A. photographies, les Saisies, décembre 2009
neige & branchages
.






L.A. photographies, les Saisies, décembre 2009

Gra-p'
assemblage de fruits soutenus
sur un axe commun
.

Mordre à la grappe
commencer à goûter une idée,
saisir plus ou moins avidement une proposition
.
Grappe de raisin, terme employé par le Titien, et devenu technique, pour exprimer la dégradation des lumières, des ombres, des reflets dans une grappe de raisin exposée à la lumière. Connaître, étudier la grappe de raisin
.
L.A. photographies, les Sorbiers, les Saisies, décembre 2009

L'un dit que tout est permanent,
L'autre dit que tout est éphémère,
Un autre, que le monde est fait d'objets,
Immuables
Ou fugaces...

Même si tout cela ne fait qu'Un,
Ô Destructeur de Tripura !
Je suis désemparé...
Je te chante et j'en rougis...

Non ! Non, il n'est pas possible
Que mes paroles soient impudentes !

*
On peut débattre sans fin des perceptions de l'expérience. On peut conjecturer. Est-ce que cela nous fournit une réponse définitive, irrécusable ?
On peut penser que le substrat du monde subsiste intact, même s'il apparaît ou disparaît. On peut ressentir l'impermanence des choses comme de fluctuants nuages sur un ciel immuable.
On peut aussi discriminer les aspects transitoires des aspects permanents... On s'y perd en d'étranges dédales, on ratiocine, on perd de vue la Réalité que, seuls, l'acte de foi et le chant peuvent atteindre sans le définir.
°
Shiva
Le seigneur-du-sommeil
traduit du sanscrit par Alain Porte
points sagesses

lundi, décembre 28, 2009

Retour dans la vallée
derrière le chasse-neige
en écoutant
:
Par le recouvrement du pas
poèmes lus par l'auteur
Martin Ziegler
éditions L.Mauguin
.
4. c'est où aller
5. tout se fait si lointain

6. maintenant que le soir s'incline
32. Dans le regard des sommets
33. neige
°
Poèmes parus in Vitres griffées éteintes et Chemins à fleur autrement blancs
Dans le premier demi-sommeil
,
déjà tranquille,
il écoutait pousser la forêt
.
un
balcon
en forêt

récit
par
JULIEN GRACQ
José Corti
°
L.A. photographie, les Saisies, décembre 2009
Enlève-moi mes bottes
,
- Enlève-moi mes bottes, fit-elle d'une voix petite et comme embrumée. J'ai si froid aux pieds. Ils sont tout mouillés.
Sous ses bottes de caoutchouc dans lesquelles clapotaient deux flaques menues, elle portait de grosses chaussettes d'homme en laine, toutes trempées. Grange les fit glisser
(...)
il s'était trouvé en elle sans même y penser. " Tu es un paradis ! " fit-il avec une espèce de stupéfaction paisible ; et il s'étonnait lui-même de ce qu'il disait.
°
L.A. photographie, les Saisies, décembre 2009
avec Julien Gracq, un balcon en forêt, P. 65 & 66, José Corti.