mardi, mars 03, 2009

comme l'Erouv ?

une frontière invisible à ne pas franchir ?
une frontière immatérielle plus radicale que la vraie ?
au-delà rien ?
mais ce rien-là est puissant
.
l'autre versant, l'autre territoire, l'autre culture, l'autre destinée, l'autre histoire...
°

L.A. texte et photographie, Plan Villard, mars 2009

1 commentaire:

  1. Deux poèmes de Borgès (notre insondable et tendre Lecteur) sur cet autre (et même) déchiffreur de Signes, l'insondable et tendre Baruch :

    Spinoza

    Elles taillent les translucides mains
    Du juif, dans la pénombre, les cristaux.
    Le soir est peur et froid en son déclin.
    (Au soir qui vient chaque soir équivaut).

    Ses mains comme l'espace de jacinthe
    Qui aux lisières du Ghetto pâlit
    Existent peu pour l'homme qui construit,
    calme, le songe clair d'un labyrinthe.

    La gloire ne l'émeut pas, cet espoir
    De songes au songe d'un autre miroir,
    Ni le craintif amour des jeunes filles.

    Métaphores et mythes, il les oublie
    taillant son cristal: la carte infinie
    De Qui dans toutes ses étoiles brille.

    L'autre, le même (1964)


    Baruch Spinoza

    Le couchant, brume d'or, teint les vitres, mais l'ombre
    Va gagnant le bureau. L'assidu manuscrit
    Attend, avec déjà sa charge d'infini;
    Quelqu'un est là, construisant Dieu dans la pénombre.
    Un homme engendre Dieu. C'est un juif à la peau
    Citrine, avec des yeux tristes. Le temps l'enlève
    Comme une feuille que la rivière sans trêve
    Charrie et qui se perd aux déclinantes eaux.
    Qu'importe. Le sorcier persévère; il s'isole
    En sa géométrie délicate, créant
    Dieu; du fond de sa maladie, de son néant,
    Il continue à bâtir Dieu par la parole.
    Pour le plus vaste des amours il fut nommé,
    Pour cet amour qui n'espère pas être aimé.

    La monnaie de fer (1976)

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