une frontière invisible à ne pas franchir ?
une frontière immatérielle plus radicale que la vraie ?
au-delà rien ?
mais ce rien-là est puissant
.
l'autre versant, l'autre territoire, l'autre culture, l'autre destinée, l'autre histoire...
°
L.A. texte et photographie, Plan Villard, mars 2009
Deux poèmes de Borgès (notre insondable et tendre Lecteur) sur cet autre (et même) déchiffreur de Signes, l'insondable et tendre Baruch :
RépondreSupprimerSpinoza
Elles taillent les translucides mains
Du juif, dans la pénombre, les cristaux.
Le soir est peur et froid en son déclin.
(Au soir qui vient chaque soir équivaut).
Ses mains comme l'espace de jacinthe
Qui aux lisières du Ghetto pâlit
Existent peu pour l'homme qui construit,
calme, le songe clair d'un labyrinthe.
La gloire ne l'émeut pas, cet espoir
De songes au songe d'un autre miroir,
Ni le craintif amour des jeunes filles.
Métaphores et mythes, il les oublie
taillant son cristal: la carte infinie
De Qui dans toutes ses étoiles brille.
L'autre, le même (1964)
Baruch Spinoza
Le couchant, brume d'or, teint les vitres, mais l'ombre
Va gagnant le bureau. L'assidu manuscrit
Attend, avec déjà sa charge d'infini;
Quelqu'un est là, construisant Dieu dans la pénombre.
Un homme engendre Dieu. C'est un juif à la peau
Citrine, avec des yeux tristes. Le temps l'enlève
Comme une feuille que la rivière sans trêve
Charrie et qui se perd aux déclinantes eaux.
Qu'importe. Le sorcier persévère; il s'isole
En sa géométrie délicate, créant
Dieu; du fond de sa maladie, de son néant,
Il continue à bâtir Dieu par la parole.
Pour le plus vaste des amours il fut nommé,
Pour cet amour qui n'espère pas être aimé.
La monnaie de fer (1976)