mardi, février 17, 2009

Glissez dans le vide interne !


L.A. photographie, sous le Signal des Saisies,Fév.2009

3 commentaires:

  1. En chinois, Wú
    En japonais, Mu
    En grec ancien, μῦ

    et pour comble,

    μ, ce mystérieux symbole que les sciences du calcul ont rendu si kaleidoscopique, replaçant ce un dans son multiple...

    Lu quelque part, je ne sais 'où', pas un hasard :
    "Mu, terme venu du bouddhisme chan, que l'on peut traduire par « le rien constant », « l'impermanence », trop souvent rendu en français par « le néant », « le vide ». Il ne faut pas y voir la connotation négative occidentale d'absence, de disparition, de « nihilisme », mais au contraire le sens extrême-oriental, qui est l'idée de faire un avec l'univers, de se fondre dans ce qui nous entoure."

    C'est ce mot que l'enfant et cinéaste Yasujiro Ozu convoqua pour 'clore' sa musique précoce. Il aimait tant les hommes, il aimait tant la symphonie des êtres... finalement, on ne peut que les aimer, ils ont accueilli, accueillent et accueilleront la musique, l'infini, l'univers, tel des miroirs. Comme disait Bruno (L'art de la mémoire) : nous sommes des comme des miroirs qui ne font qu'accueillir le jeu de lumières et ombres du Miroir Vivant.

    Aimant

    RépondreSupprimer
  2. Bonjou Fayçal, le titre de la photographie fait référence à un chant de Lao-Tseu du Tao-tö king, le chant XI ( c'est peut-être un peu audacieux de ma part ? dite le moi...)je vous cite ci joint le texte, traduction de François Houang et Pierre Leyris :
    bien que trente rayons convergent au moyeu c'est le vide médian qui fait marcher le char; l'argile est employée à façonner des vases mais c'est du vide interne que dépend leur usage; il n'est chambre où ne soient percées porte et fenêtre car c'est le vide encore qui permet l'habitat l'être a des aptitudes que le non-être emploie.
    Rappelons que le non-être - dont le vide offre l'image - n'est pas ici le néant absolu, mais le principe inconnaissable. Dans la traduction de la Pléiade par Liou Kia-hway et Etiemble ,le dernier verset donne : ainsi "ce qui est" constitue la possibilité de toute chose; "ce qui n'est pas" constitue sa fonction. Plus généralement dans le Dao "l'être et le néant s'engendrent l'un et l'autre", chez Heidegger également cette pensée : le Néant n'a pas sa raison d'être sans l'Être...il faut bien sur tenir compte des traductions et des différents contextes, mais les croissements, les superpositions, le dialogue peuvent ouvrir des chemins...
    Bien à vous
    (je vais lire l'art de la mémoire de Bruno !)

    RépondreSupprimer
  3. Merci pour ce passage infini, qui m'est depuis longtemps très très cher.

    Dire quand même que "l'intrusion" du terme grec, de la lettre grecque, a évidement son pourquoi, sans pourtant l'avoir (telle la Rose de Silesius), et donc n'est pas faite sans jeu (audacieux de ma part ? dite le moi...). Ce terme ne renvoie point, apparemment, au même 'sens' du terme extrême-oriental, mais rappelle toutefois (comme le savait un certain groupe de poètes) le couple métaphore-métonymie, cet ouverture qui se déploie pour refléter le monde dans son verbe. Un son, donc, une musique, peuvent être aussi indicatives d'un lien qu'une raison. Il n'y a pas que le 'sens' qui compte, vous le savez bien.

    Bon, Mu

    RépondreSupprimer